En France, les prix des logements anciens ont progressé de 70% de 1998 à 2004 avec une accélération depuis 2002, selon une étude de l’Insee diffusée mercredi.

«La hausse actuelle ne se limite pas aux départements franciliens», souligne l'Institut national de la statistique et des études économiques. En effet, ce mouvement touche aussi bien la province que l’Ile de France même si c’est à Paris que les prix ont le plus progressés avec une hausse de 83% en six ans, suivi du département des Hauts de Seine (+70,4%), des Yvelines (+67,8%) et du Val-de-Marne (+64,3%).
En province, ce sont les banlieues des agglomérations de plus de 10.000 habitants) qui ont subi la plus forte progression avec 76% de hausse depuis 1998.
«Alors que la hausse semblait s’essouffler mi-2000, les prix ont de nouveau accéléré depuis le début de l’année 2002», constate l’Insee. En comparaison, le revenu des ménages n’a progressé que de 24%. «En 1998, l'acheteur qui pouvait s'offrir 100 mètres carrés ne peut, pour la même somme, s'acheter que 93 mètres carrés en 2004», précise l’étude.

Pourtant, la hausse les prix touche surtout les appartements. «Depuis 1999, les prix des appartements n’ont cessé d’augmenter alors que, pour les maisons, il y a eu des baisses ponctuelles», commente l’Insee.
Egalement, les mouvements des prix sont affectés d’une saisonnalité importante. «Les prix augmentent systématiquement aux deuxièmes et troisièmes trimestres puis plus modérément en fin d’année». Ce phénomène qui touche plus particulièrement les maisons s’explique en partie du fait qu’une partie des acheteurs préfèrent déménager avant la rentrée scolaire.

Pour Alain Jacquot, chef de la division logement à l'Insee, "on a beaucoup de mal à expliquer cette hausse". Un certain nombre d'experts et de professionnels du secteur expliquent depuis plusieurs mois que les prix montent car il y a une demande croissante de logements, notamment en raison des divorces, et que de l'autre côté il y a peu de logements disponibles.

Ces arguments ne semblent pas convaincre l'Insee. Depuis le début des années 1990, on évalue à environ 250.000 le nombre de nouveaux ménages chaque année en France, qu'il s'agisse de jeunes qui quittent leurs parents ou de couples qui se séparent.
Il n'y a pas plus de ménages qui cherchent à se loger aujourd'hui, alors que les prix montent, que lorsque les prix baissaient, explique M. Jacquot.
D'autre part, "on construit actuellement plus de logements que pendant la phase de baisse au début des années 90", plus de 300.000 logements construits par an alors qu'on était en dessous de ce chiffre de 1992 à 1998, poursuit M. Jacquot.
Pour lui, "l'argument démographique ne tient pas trop la route".
Une autre raison souvent avancée pour expliquer la hausse des prix est le désamour des Français pour la Bourse, qui se tourneraient vers l'immobilier, considéré comme un placement plus sûr. Or, selon M. Jacquot, le retour de la hausse des prix des logements anciens date du début 1998, et est "antérieur" au krach boursier de 1990-2000.
Seule la baisse des taux d'intérêt, qui se situent à des niveaux historiquement bas, a pu jouer et peut expliquer partiellement la montée des prix.
Reste l'hypothèse d'un marché spéculatif, rejetée avec constance par la plupart des professionnels depuis des mois. "C'est la grande question", reconnait M. Jacquot. "On n'a pas de procédure scientifique satisfaisante pour être sûr qu'on est face à ce genre de phénomène. Quand une bulle spéculative éclate, on se rend compte a posteriori qu'on était dans une bulle spéculative justement parce qu'elle éclate", explique-t-il.

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