Le remplacement des barrages manuels sur l'Aisne et la Meuse est en cours, et la première microcentrale hydroélectrique a été mise en service ce lundi 14 mars, à Givet. Les turbines qui ont été installées sur l'ouvrage développent une puissance de 1 MW. Détails.
L'exploitation de toutes les ressources énergétiques locales est aujourd'hui recherchée. Dans le cadre d'une opération de partenariat public-privé, plusieurs barrages manuels, installés sur le cours de la Meuse et de l'Aisne doivent être modernisés et dotés de turbines de puissance intermédiaire. Le premier barrage à en être équipé, l'ouvrage des Quatre-cheminées de Givet (Ardennes), est entré en service ce 14 mars 2016.
L'ouvrage initial à aiguilles et fermettes (type Poirée), construit en 1875 au moment de la canalisation du cours d'eau, afin d'en réguler le niveau, avait été endommagé en 1995 lors d'une inondation. Un nouveau barrage, automatisé et doté de vannes à clapet avec commandes hydrauliques, a donc été construit par Voies Navigables de France entre 2006 et 2008. Depuis le printemps 2015, un groupement d'entreprises, Corebam, emmené par Vinci Construction, a travaillé sur le site afin d'y construire la microcentrale hydroélectrique, munie de deux turbines VLH (Very Low Head), d'une puissance de 500 kW chacune. La production nominale attendue est de 4,5 million de kWh par an, tandis que la production minimale "garantie", fluctuante en fonction des crues et sécheresses, correspond à 70-75 % de cette valeur.
Des turbines sures pour les poissons
Ces machines, produites en France, ont été spécialement conçues pour exploiter la faible hauteur de chute d'eau, qui n'est que de 3,20 mètres à cet endroit (pour des débits inférieurs ou égaux à 490 m3/s). VNF et la société Bameo (société de projet dédiée détenue par Vinci Concessions, SHEMA Groupe EDF et Méridiam) expliquent : "Elles sont respectueuses de l'environnement : invisibles, car totalement submergées, quasiment silencieuses et inoffensives vis-à-vis des poissons grâce à leur vitesse de rotation très lente". Les anguilles, brèmes, brochets, carpes, gardons, goujons, perches, saumons, lamproies, truites et tanches qui peuplent la Meuse peuvent donc les franchir sans danger, d'autant que des passes à poissons (une multi-espèces et une passe à anguilles supplémentaire) ont été installées.
Huit mois de travaux préalables ont été nécessaires avant l'installation de ces turbines, au mois de décembre 2015. Pesant 50 tonnes chacune et mesurant 5 mètres de diamètre, elles ont été mises en place au moyen d'une grue de 400 tonnes, avec une précision centimétrique. Les premiers travaux entrepris avaient consisté à créer une enceinte, en palplanches de grande taille, afin d'isoler la Meuse du canal où est installé l'ouvrage de génie civil de 9 mètres de haut, qui accueille les deux engins. D'autres travaux ont concerné l'édification du local technique de commande des turbines et de transformation du courant électrique avant son injection dans le réseau. Les phases de tests et d'essais ont eu lieu au cours du premier trimestre 2016, respectant le calendrier contractuel. Bameo explique avoir délégué la conception et la construction de l'ensemble au groupement Corebam, lui aussi créé spécifiquement pour l'occasion. Il rassemble des filiales de Vinci Construction France (EMCC, Tournaud, GTM Halle, Vinci Construction France TP Lyon) qui sont spécialisées dans les travaux nautiques et le génie civil.
Le potentiel hydroélectrique meusien augmenté
Trois autres microcentrales doivent être créées sur les ouvrages d'Ham-sur-Meuse, Fumay et Revin, dans le cadre du PPP. L'exploitation-maintenance de l'ensemble des installations sera confiée à SeMAO, elle aussi filiale de SHEMA Groupe EDF et Vinci Concessions. Les quatre barrages représenteront une puissance installée de 5,5 MW et produiront annuellement environ 15 millions de kWh, "soit l'équivalent de consommation d'environ 7.000 à 8.000 habitants". Le potentiel hydroélectrique de la Meuse s'en trouvera ainsi augmenté de 50 %.