Une erreur de saisie qui pourrait coûter cher : une entreprise de plomberie du Chatelet en Brie (77) a eu la mauvaise surprise d'apprendre sa mise en liquidation judiciaire suite à une inversion de numéro RCS dans un formulaire du tribunal de grande instance de Paris. La société, qui se portait bien, se bat aujourd'hui pour rester en vie.

Bertrand Jacquelot tente de rassurer ses 20 salariés. Mais la situation est grave pour l'entreprise de plomberie et chauffage ECA (Seine-et-Marne) : à cause d'une erreur administrative, elle a été placée en liquidation judiciaire. Tout a débuté par un banal impayé d'un de ses clients, la société Parc de Vallées, qui devait 11.700 € à ECA. Le plaignant saisit le tribunal de grande instance (TGI) de Paris afin procéder à la liquidation simplifiée du mauvais payeur. Mais au moment de la saisie, le greffier commet une erreur : il inverse le numéro de RCS (registre du commerce et des sociétés) des deux entreprises impliquées. Tout va ensuite très vite : la fausse information est mise en ligne au Bodacc (Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales) le 22 mai dernier, puis automatiquement relayée à la Banque de France, aux assureurs Coface et Sfac, ainsi qu'à tous les organismes financiers et les fournisseurs d'ECA.

 

De graves conséquences
Comme une traînée de poudre, la nouvelle fait des dégâts : les fournisseurs cessent de livrer la société, la banque bloque ses comptes, les clients paniquent et annulent des contrats. « Nous devions entamer cette semaine la construction de la nouvelle gendarmerie de Mormant », explique Bertrand Jacquelot au quotidien Le Parisien. « Un marché de 832.000 € sur lequel je travaillais depuis un an. Mais le client vient d'annuler ! ». Une perte sèche pour la PME qui pourtant se portait bien jusqu'ici. Fondée en 1974, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 2 M€ en 2011, après avoir surmonté une année délicate où elle avait été placée en procédure de sauvegarde. Elle prévoyait même d'embaucher un plombier-chauffagiste et un compagnon polyvalent, tous deux expérimentés (niveau 3 ou 4). ECA était reconnue pour sa compétence à former des jeunes et recevait plusieurs fois par an des stagiaires ainsi que des apprentis.

 

Le TGI devrait publier un erratum mais l'annonce ne suffira pas à régulariser la situation. Afin de faire annuler la publication de l'avis du Bodacc, une procédure judiciaire sera nécessaire. Un combat de plus à mener pour ECA qui risque de se trouver bientôt à court de trésorerie et d'être placée en faillite. La nouvelle, relayée dans divers média nationaux, a suscité une vague de sympathie. « La société a déjà reçu de nombreux coups de fil de soutien, certains leurs assurant que la situation s'était déjà produite », précise le secrétariat de l'entreprise. Et la solidarité va même plus loin, puisqu'un concurrent d'ECA aurait même proposé son aide sur un chantier.

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