A l'heure où les paillotes sont démontées sur les plages, les défenseurs de l'environnement dressent un bilan morose de l'été en Corse où, selon eux, "la privatisation rampante des bords de mer a encore gagné du terrain".

"La Corse est encore loin de ressembler à la Côte d'Azur mais elle s'en rapproche peu à peu", a dénoncé cette semaine Gérard Bonchristiani, porte-parole de l'association pour le libre accès aux plages.

"De plus en plus, les voies d'accès à la mer sont privatisées, les parkings réservés et les plages envahies de parasols et de matelas qu'il faut louer", a-t-il regretté au cours d'une conférence de presse à Bastia.

Ce constat est partagé par les autres associations réunies au sein du Collectif pour "la loi littoral" en Corse, qui oeuvre pour "l'usage libre et gratuit du domaine public maritime (DPM)" depuis de longues années.

Ce combat militant est parfois critiqué par des professionnels du tourisme, selon qui "les estivants réclament un minimum d'infrastructures", notamment pour se désaltérer ou prendre l'ombre sur les plages. Ils insistent également sur le cadre réglementaire "contraignant" mis en place par l'Etat, qui ordonne notamment le démontage des paillotes à la fin de la saison.

Mais "ces obligations ne sont pas toujours respectées", regrette Michelle Salotti, présidente du Collectif, pour qui "l'application de la loi semble à géométrie variable". C'est ainsi, selon elle, qu'une paillote illégale a pu fonctionner tout l'été sur la plage de l'Alga, à Calvi (Haute-Corse), alors que le Collectif avait déposé plainte en 2000 et que, l'année suivante, les services de l'Equipement avaient mis en demeure le propriétaire de remettre en état les lieux, situés dans une zone écologique d'intérêt exceptionnel.

Au début de l'été, deux paillotiers ont toutefois été condamnés à détruire leur restaurant implanté sans autorisation sur une plage d'Ajaccio.

Pour "préserver plus efficacement" le littoral, le Collectif propose la mise en place d'"un outil de gestion des plages" qui, dans le cadre du "schéma d'aménagement de la Corse", "délimiterait strictement les lieux où des paillotes seraient acceptées", laissant ainsi "des plages entièrement naturelles".

"Nous savons que la pression touristique va encore s'accentuer en Corse dans les années à venir. Si rien n'est fait pour mieux la maîtriser, il sera trop tard pour pleurer nos plages sauvages de sable fin", prévient Gérard Bonchristiani.

Outre les plages, la priorité du Collectif, qui réunit aussi des partis nationalistes modérés, "est la création d'un sentier du littoral" faisant le tour des 1.000 kilomètres de côtes de l'île. Actuellement à l'étude, l'ouverture d'un tronçon à Saint-Florent (Haute-Corse) se heurte aux terrasses et pontons construits au bord de l'eau par quelques propriétaires fortunés, dont un célèbre écrivain, "empêchant ainsi tout passage sur le domaine public maritime", dénonce Michelle Salotti. "Les pouvoirs publics vont-ils accepter longtemps cette privatisation du littoral'", s'interroge-t-elle.


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