Dans le cadre d'un cycle de deux colloques organisés par l'Anil, la FFB et le Capeb, une première rencontre a porté, ce mardi 25 octobre, sur les effets de la localisation des chantiers. De nombreux intervenants ont souligné les évolutions récentes des coûts de construction et ont proposé diverses solutions pour parvenir à les juguler.
Les coûts de construction ont explosé ces dernières années, pesant gravement sur les coûts des opérations immobilières, où ils représentent environ 50 % de la facture totale, le reste reposant sur les coûts liés aux bureaux d'études, d'architectes et de normalisation (22 %), aux marges des vendeurs (9 %) et au foncier (en moyenne 17 %). Afin de réduire ces coûts, et permettre ainsi l'accession à la propriété plus aisément, l'Anil (Agence Nationale pour l'Information sur le Logement) a organisé un premier colloque en partenariat avec la FFB et le Capeb (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), et avec la participation du CNH (Conseil National de l'Habitat), de l'USH (Union Sociale de l'Habitat), de l'UMF (Union des Maisons Françaises), la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers) et le Certu (Centre d'Etudes sur les Réseaux, les Transports, l'Urbanisme et les constructions publiques).
C'est Didier Ridoret, président de la FFB, qui, en qualité d'hôte, a ouvert le colloque par un rappel des chiffres clés : « Les coûts de construction ont effectivement très fortement augmenté ces 10 dernières, portés par la hausse du prix des matériaux (+ 71 % en 10 ans), par la flambée des prix de l'énergie (+60 % en 10 ans) et par la hausse des salaires et des charges (+40 % sur la même période). Le matériel et les transports ont eux aussi augmenté de plus de 20 % dans le même laps de temps ».
Des leviers d'économies difficiles à actionner
Pour baisser le prix des opérations immobilières et solvabiliser la clientèle afin de maintenir un niveau de construction élevé, plusieurs propositions ont été faites lors du colloque. Jacques Chanut, président de la FFB Rhône-Alpes, a passé en revue les leviers à actionner idéalement pour influer sur ces coûts. Le prix des matériaux tout d'abord : avec le maintien de la demande des pays émergents (Chine et Inde en tête), le prix des matières premières ne devrait pas baisser à court et moyen terme, rendant inenvisageable une évolution favorable. Les salaires ensuite : la revalorisation salariale entreprise par le secteur du bâtiment depuis plusieurs années a permis d'attirer de la main d'œuvre. Un retour en arrière serait préjudiciable au secteur. La cyclicité, qui pèse sur les prix (10 à 15 %) enfin : la vente à perte aurait pour effet de déstabiliser l'appareil de production. De l'avis général, ces trois pistes d'économies seraient impraticables.
La qualité a attiré l'attention des intervenants. « L'inflation normative devrait être stoppée », a déclaré Thierry Repentin. Solution proposée : revoir les modalités d'élaboration des normes et chercher à développer une offre immobilière adaptée plutôt qu'une tentative d'application des normes à l'ensemble du parc. Car la multiplication des normes (accessibilité, environnement, sécurité, urbanisme) entraîne un renchérissement des coûts de construction. Enfin, dernier axe d'économies proposé, l'innovation et les gains de productivité grâce à la standardisation de matériaux innovants. Cependant, de l'avis de tous les participants à ce premier colloque, les marges de manœuvre restent restreintes : les coûts de construction devraient demeurer élevés. Une prochaine rencontre organisée par l'Anil se tiendra au mois de février 2012 ; elle portera sur la performance énergétique et la valeur verte dans les coûts de construction.