Le groupe de petit matériel électrique Legrand souhaite une "séparation rapide" de Schneider Electric, "sans attendre les résultats des recours" introduits par ce dernier contre le veto opposé par la Commission européenne à la fusion des deux groupes français.

La Cour Européenne de Justice (CEJ), saisie par Schneider Electric, doit trancher sur le fond en octobre 2002, au terme d'une procédure accélérée, a-t-elle indiqué la semaine dernière dans un communiqué.

La Commission européenne avait pour sa part prolongé au 1er février 2003 l'expiration du délai accordé à Schneider Electric pour se séparer de Legrand, devenu sa filiale à la suite d'une Offre Publique d'Echange (OPE) lancée avant la décision de la Commission.

Schneider a déposé deux recours devant le tribunal de première instance de la CEJ: le premier contre le veto opposé en octobre 2001 par la Commission à sa fusion avec Legrand, le second contre la décision fin janvier 2002 de la Commission imposant à Schneider de se séparer en bloc de Legrand, et dans un délai imposé. Selon une source proche du dossier, les deux recours ont été réunis en un seul.

A l'occasion d'une conférence téléphonique, François Grappotte, Pdg de Legrand a affirmé craindre des "conséquences négatives irréparables" d'une prolongation de la situation actuelle.

"Nous préférons une séparation rapide et laisser de côté la question des recours entamés par Schneider, sur lesquels je n'ai pas à me prononcer. Il est tout à fait important pour tout le monde, actionnaires de Legrand et de Schneider, qu'une séparation intervienne rapidement", a-t-il insisté.

S'agissant de la forme de cette séparation, M. Grappotte a réitéré sa "préférence" pour une scission suivie d'une réintroduction en bourse, mais, a-t-il ajouté, "nous avons des souhaits, mais nous sommes des gens réalistes".

Il appartient à Schneider Electric de décider des modalités de sa séparation de sa filiale. Le groupe de Henri Lachmann a indiqué qu'il étudiait trois pistes: la cession en bloc à un acquéreur unique, la scission (en distribuant aux actionnaires de Schneider des actions Legrand) ou l'offre publique de vente (OPV).

"Notre préférence, à défaut de laquelle il n'y aurait pas optimisation, est qu'il faut que Legrand revienne à une position forte et autonome sur la base d'un périmètre d'activité intact", a-t-il dit. Il a ajouté qu'il restait "ouvert à la reprise du groupe par un investisseur dès lors que l'objectif de cet investisseur serait le développement de Legrand dans son périmètre intact".

M. Grappotte a par ailleurs minimisé les conséquences éventuelles d'une réintroduction de Legrand sur le marché. "Que Legrand revenu sur le marché soit une société opéable, c'est évident, mais c'est une situation qui ne lui est pas propre. Il partage ce sort avec des sociétés du CAC-40. Mais étant donné ses fondamentaux forts, nous ne doutons pas une seconde que nous récupérerons rapidement les référentiels dont notre titre a toujours bénéficié", a-t-il affirmé.

"Compte tenu de la qualité de l'entreprise, nous serions nettement moins exposés que d'autres et de toute façon, de quoi se plaindrait l'actionnaire dans ce cas ?", a-t-il relevé.

Schneider détient, depuis l'été 2001, 98% du capital de Legrand. Leur fusion devait créer le numéro un mondial de l'appareillage électrique basse tension et des automatismes industriels.

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