La mérule, ce champignon surnommé «la lèpre des maisons» et qui peut obliger à démolir les bâtiments frappés, progresse de façon inquiétante dans le Pays d'Auge, où des milliers d'habitations sont actuellement touchées.

Les villes touchées par ce champignon sont de plus en plus nombreuses sur la côte normande où les autorités viennent de tirer la sonnette d'alarme, rapporte une dépêche d’Associated Press. Deauville, Trouville, Cabourg, Honfleur, Lisieux..., «il y a actuellement des dizaines de milliers d'habitations touchées sur ce secteur», explique Emmanuel Boisbourdain, mandaté par les experts immobiliers pour établir un diagnostic des dégâts déjà causés.

La mérule s'attaque aux bois des villas anciennes, humides et mal aérées «et ici, avec les résidences secondaires, il y a en des milliers». Ce champignon progresse par endroits et dans des conditions favorables pour lui à raison de 12 cm par semaine. «Et ce phénomène s'amplifie de jour en jour dans le secteur», ajoute l'expert Alain Bourreau. «La mérule se développe très rapidement dans les communes où les bâtiments sont mitoyens. Et les spores de ce champignon peuvent être transportés par l'homme, le vent et les insectes».

Cette «lèpre» touche d'abord les plinthes, puis les planchers, les cloisons, les plafonds dans les pièces humides, «et quelquefois il est trop tard et on ne peut plus rien faire», reprend Emmanuel Boisbourdain. Seule solution quand tout est attaqué: démolir. «C'est la solution la plus sage, mais ce qu'il faut surtout, c'est brûler tout sur place pour éviter que le champignon ne se déplace». Quand la mérule est traitée à temps, elle ne revient pas. «Nous procédons au piquetage des endroits attaqués, des enduits, des ciments et surtout nous aérons avant de pulvériser», explique Denis Tardieu de la société «Stop Mérule», une entreprise au carnet de commandes très rempli. «Il faut que dans l'avenir les futurs acquéreurs d'un logement dans le secteur prennent toutes précautions avant la transaction pour savoir si la maison n'est pas attaquée par la mérule», reprend l'expert, «car c'est parfois au cours de travaux d'embellissement qu'on la détecte». «Sur le centre de Trouville, c'est près d'une maison sur deux qui est touchée», selon Emmanuel Boisbourdain. Et «Les inondations de juin 2003 où une partie des habitations avaient été sous les eaux n'ont pas arrangé les choses».



Tout savoir sur la mérule

Le champignon Serpula lacrimans, mieux connu sous le nom de mérule des maisons, est qualifié de lignivore parce qu'il se nourrit de la cellulose du bois. Les dégâts qu'il occasionne au bois lui ont valu l'autre nom de pourriture sèche : le bois devient brun, cassant et il se fragmente en cubes. Les conditions favorables au démarrage de la mérule des maisons sont : une certaine humidité du substrat (20 à 40% pour le bois), un espace non ventilé et une température ambiante inférieure à 25°C.

Ce champignon se reproduit par spores microscopiques se retrouvant dans l'air ou s'accrochant aux vêtements ou aux animaux. Les spores germent en filaments (ou hyphes) qui s'enchevêtrent pour former une masse ouatée appelée mycélium. C'est le mycélium qui se nourrit du bois, provoquant ainsi sa destruction. Progressivement la boiserie pourrit, se fragilise et les risques de rupture augmentent. Le dernier stade de développement du champignon, appelé carpophore, a l'aspect d'une «crêpe» brun-rouille parfois bordée de blanc et relativement consistante. C'est de ce carpophore que sont libérées les spores.

Sa propagation peut se faire à travers la maçonnerie (sans la dégrader) pour retrouver de la boiserie de l'autre côté. Même si le bois est sec, l'eau est transportée à travers le réseau de filaments; la mérule ne reste donc pas cantonnée la zone humide. La mérule se développe dans l'obscurité (derrière les plinthes, dans les plafonds, sous les revêtements de sols) et, souvent, ce n'est que lorsque le bois est complètement attaqué et tombe en poussière, que l'on s'aperçoit de sa présence. En conditions défavorables, le champignon ne meurt pas mais entre en période de latence et est prêt à se redévelopper dès que les conditions d'humidité et de température sont à nouveau favorables. (source : Réseau Eco-consommation)

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