L'atelier du peintre Picasso, situé dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (Paris VI), devrait fermer ses portes, suite à l'expulsion de l'association qui s'occupe des lieux. C'est notamment dans ce "grenier" de 200 m² que Picasso a peint son célèbre Guernica.

Picasso, Balzac ou encore Jean-Louis Barrault, y avaient été inspirés. Picasso y peignait "Guernica" et y installait son atelier parisien de 1937 à 1955 avant d'être expulsé, Balzac y a situé son "Chef d'œuvre inconnu", tandis que Jean-Louis Barrault y créait sa première compagnie (1934-1936). Le Grenier des Grands-Augustins, cet atelier riche en histoire, d'une surface de 200 m² situé au dernier étage de l'Hôtel de Savoie, devrait pourtant fermer ses portes.

 

C'est la décision prise par le juge des référés, ordonnée ce jeudi. "Le président du tribunal de grande instance (TGI) de Paris a ordonné l'expulsion du Comité national pour l'éducation artistique (CNEA) sous 15 jours après notification de l'ordonnance", a indiqué l'avocat de cette association Me Marc Bellanger.

 

Le CNEA, qui milite pour le faire classer, occupe à titre gracieux depuis 2002 cet espace laissé à l'abandon, qu'il dit avoir rénové à ses frais et où il organise depuis des manifestations culturelles. Le lieu appartient collectivement aux huissiers de Paris et de la petite Couronne parisienne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne). Mais le président de la Chambre des huissiers de justice de Paris qui veut vendre l'immeuble a saisi la justice pour expulser en urgence l'association.

 

Le CNEA ne s'avoue pas vaincu
Par ailleurs, l'association "fait appel de la décision du TGI de Paris, relative à son expulsion du Grenier des Grands-Augustins", a annoncé jeudi le délégué général du CNEA, Alain Casabona, dans un communiqué. Cette décision du TGI de Paris "n'obère en rien l'opportunité, présentée par le CNEA, d'une solution négociée, ménageant au mieux les intérêts économiques des propriétaires et la vocation de ce lieu de mémoire, de rencontres et de rayonnement culturels", ajoute-t-il, assurant préférer cette solution à "une guérilla juridique qui ne profite à aucune partie".

 

L'association, ne s'avoue donc pas vaincu: des négociations avec un membre de la famille de Picasso, qui serait prêt à reprendre un bail, afin d'y installer une fondation privée et maintenir l'association, sont "bien entamées", selon Me Bellanger.

 

Un comité de soutien, animé par le photographe Lucien Clergue, l'actrice Charlotte Rampling et le violoniste Didier Lockwood s'est formé autour du CNEA. François Hollande a récemment demandé à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, "de se saisir prioritairement" du dossier de classement du lieu au titre des monuments historiques.

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