Le nombre d'architectes en France reste insuffisant au regard de nos besoins. Fort de ce constat, Vincent Feltesse a remis le 8 avril à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, le rapport de la concertation sur l'enseignement et la recherche en architecture. Résultat : dix propositions pour redresser cette profession.

Quarante-cinq architectes seulement pour 100.000 habitants en France, alors que la moyenne européenne s'élève à 87. Ce chiffre alarmant, sur lequel se fonde le rapport remis ce lundi par Vincent Feltesse, député de Gironde, à la ministre de la Culture, intitulé "Concertation sur l'enseignement et la recherche en architecture". Cette concertation nationale, lancée en août dernier, a ainsi réuni plus de 1.000 personnes à l'occasion de cinq journées de débat, qui ont au final rendu quelques propositions - certaines sont stratégiques, d'autres plus opérationnelles, d'autres encore appellent une mise en œuvre immédiate, tandis que certaines sont à plus lointaine échéance.

 

Le fond avant la forme
Mais, rappelle Vincent Feltesse, en introduction de son rapport, "avant même de songer à former plus d'architectes, il faudrait déjà faire en sorte que ceux qui se forment actuellement le fassent dans de bonnes conditions". Une gageure quand on sait qu'avec 1.600 enseignants, des locaux vétustes et un budget moyen par étudiant de 7.500 € - bien inférieur à celui des universités - les écoles d'architecture ne sont pas en capacité d'accueillir davantage d'étudiants et n'ont même pas de quoi assurer leur bon fonctionnement au quotidien.

 

C'est pourquoi le rapport met en lumière une dizaine de propositions principales. La ministre adressera une feuille de route "fin mai-début juin" à ses services pour définir les nouvelles orientations réglementaires, statutaires et budgétaires de l'enseignement de l'architecture.

 


Les propositions

 

1. Placer les écoles d'architecture sous la cotutelle du ministère de la Culture et de la Communication d'une part, du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche d'autre part, pour faire droit à la double nature scientifique et culturelle des écoles.

 

2. Faire évoluer le statut des écoles d'architecture vers un statut proche de celui des EPSCP, pour favoriser la reconnaissance scientifique des écoles, accroître leur autonomie et faciliter ainsi leur adossement à l'université.

 

3. Mettre alors en place une pratique de la tutelle fondée sur un contrat pluriannuel passé sur la base d'un projet d'établissement validé collectivement, intégrant une stratégie territoriale et la planification des travaux immobiliers.

 

4. Instaurer dans les ENSA l'élection du président du Conseil d'administration et la nomination du directeur par le ministre après avis du Conseil d'administration, et des durées limitatives de mandat, afin de créer les conditions d'une gouvernance plus démocratique.

 

5. Reconstituer dans une instance unique les commissions nationales, supprimées par la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui assuraient la représentation nationale des ENSA, et le pilotage de la recherche et de la pédagogie, en tenant compte de l'expérience de la concertation.

 

6. Faire en sorte que le rapprochement avec l'université assure aux étudiants des écoles d'architecture les mêmes droits et avantages, notamment sociaux, qu'à ceux de l'université, et aux effectifs administratifs et de service la même stabilisation qu'à ceux du reste de l'enseignement supérieur.

 

7. Assurer progressivement l'accès au statut d'enseignant-chercheur aux enseignants des écoles d'architecture pour créer les conditions d'une recherche architecturale ambitieuse et reconnue.

 

8. Etablir un référentiel commun des compétences délivrées par les écoles d'architecture pour accroître la lisibilité des diplômes, diversifier les débouchés professionnels des étudiants et favoriser ainsi la diffusion des compétences architecturales à travers la société.

 

9. Mutualiser les épreuves d'admissibilité aux concours d'entrée dans les écoles d'architecture pour en favoriser l'accès et renforcer la cohérence et la visibilité du réseau des ENSA.

 

10. Définir et faire adopter en CIADT un programme national interministériel de formation et de recherche en architecture pour assurer à long terme la qualité de notre cadre de vie. Aborder dans ce cadre la question des moyens que la nation entend y affecter, notamment un plan de rattrapage des investissements immobiliers compensant l'oubli des ENSA par le Plan Campus.

 

Pour consulter le rapport dans son intégralité, cliquez ici.

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