Pavés blancs de Croatie, candélabres dorés à la feuille, terrasses chauffées l'hiver : la place Stanislas à Nancy a été restituée aux Nancéiens après dix mois de chantier pour une restauration comme "au Temps des Lumières". Inauguration présidentielle le 19 mai.

La rénovation de cet ensemble architectural du XVIIIème, initiée par le maire de la ville André Rossinot à l'occasion du 250ème anniversaire de la place, est l'occasion de célébrer à Nancy le "siècle des lumières" à travers une série d'expositions, de conférences et de rendez-vous touristiques.

Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1983 comme une des plus belles places royales européennes, la "place Stan" comme l'appellent les Nancéiens a été achevée en 1755 à l'instigation du roi de Pologne et dernier duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, en forme d'écrin royal pour son gendre Louis XV.

Son architecte Emmanuel Héré fut l'élève de Germain Boffrand, disciple de Mansart. Ses six grilles rehaussées d'or signées du plus grand serrurier du XVIIIème Jean Lamour valurent à Nancy son surnom de "Ville aux portes d'or".

La restauration conduite par Pierre-Yves Caillaut, architecte en chef des Monuments historiques, a duré dix mois. Elle s'est inspirée d'un tableau anonyme du XVIIIème siècle reproduisant fidèlement la physionomie de la place avec ses diagonales de pavés noirs et ses lices de bois --des bancs urbains du XVIIIème-- sur le pourtour.

Le sol est légèrement bombé pour converger, comme à l'époque, vers la statue centrale du monarque éclairé Stanislas, qui a remplacé la statue pédestre de Louis XV détruite à la Révolution.

Il en aura coûté près de 9 millions d'euros --en partie financés par l'Etat, le sol même de la place étant classé monument historique-- pour installer 200.000 pavés aux 22 nuances de blancs et d'ocres pâles, pour ravaler les façades, redorer les candélabres et inventer de nouveaux éclairages.

"C'est réussi. Ils ont bien travaillé, c'est parti pour cinq siècles", estimait un couple de retraités, parmi les premiers badauds nancéiens à fouler les nouveaux pavés de "la place la plus belle du monde". Devenue entièrement piétonne, la place sera tolérée aux cyclistes s'ils circulent au pas et surveillée par 9 caméras vidéo.

Tout l'été, plusieurs expositions à Nancy célèbrent l'événement et "L'Esprit des Lumières". Au musée des Beaux Arts, au bord de la place, "De l'Esprit des villes", une exposition riche et savante livre 185 tableaux, plans et maquettes de Saint Petersbourg à Lisbonne, Rouen ou Naples pour évoquer l'Europe urbaine au Siècle des Lumières.

Au Musée Lorrain, "Sous les pavés, la place" déroule l'histoire de la célèbre place, des trouvailles de l'archéologie aux photographies contemporaines. Enfin, dans l'ancien site d'Alstom, une vingtaine d'architectes présentent en maquettes ou en vidéo leurs projets de ville à l'horizon de l'an 3.000 dans "Avenirs de villes".

La place devrait également connaître une ultime inauguration officielle le 19 mai avec la venue du président Jacques Chirac, du président polonais Aleksander Kwasniewski et du chancelier allemand Gerhard Schroeder à l'occasion de la réunion du Triangle de Weimar.

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