A l'occasion du salon Expoprotection, retour sur une nouvelle tendance : la reconversion des vêtements professionnels usagés. Si certains ouvriers les récupèrent pour faire des petits travaux de jardinage et bricolage chez eux, les fabricants s'organisent et montent des filières de recyclage. Le BTP a-t-il pris le train en marche ? Enquête.

Après plusieurs années d'utilisation, les vêtements professionnels sont-ils vieux, usés et fatigués ? Peut-être… mais en tout cas, ils n'ont pas dit leur dernier mot. Pas de retraite à l'horizon pour ces équipements qui, même une fois leur durée de vie achevée dans une usine ou sur un chantier, tentent de trouver une second souffle dans le recyclage.

 

Si le secteur du BTP n'est pas en pointe par rapport aux secteurs de service (restauration, accueil…), des balbutiements se font sentir. "Le besoin est là et les utilisateurs, notamment les grands comptes, porteurs de bonne parole, sont très intéressés. De même, si les administrations et les industriels prennent soin de leurs salariés, ils n'en oublient pas pour autant le développement durable. Mais cette nouvelle démarche coûte et actuellement les entreprises veulent un retour sur investissement immédiat", explique Carole Garbowski, expert EPI (équipement de protection individuelle) à l'Institut Français de l'habillement et des textiles. Même analyse du côté des fabricants qui ont lancé des filières de valorisation de tenues usagées. Par exemple, Cepovett, spécialiste de vêtements professionnels, a noué un partenariat avec Sita, filiale de Suez Environnement, pour prendre en charge les produits en fin de vie et les acheminer vers le recyclage. Après différentes étapes de tri et d'analyse manuels, le groupe expédie l'ensemble dans des friperies ou vers des pays émergents. Les autres sont effilochés puis transformés en matériaux de rembourrage, en isolant thermique ou phonique ou en chiffons.

Une volonté affichée mais un passage à l'acte difficile

Néanmoins, selon Marc Jacouton, responsable marketing et
Cepovett
Programme socio économique et environnemental 'Arbre de vie, coton solidaire'. © Cepovett
développement durable chez Cepovett, "le BTP comprend l'intérêt d'aller dans cette démarche et il en a la volonté. Ils y viennent progressivement tout doucement mais il faut souligner que culturellement, le secteur relève de la protection de l'homme. Pour lui, le vêtement repose avant tout sur la technicité, l'ergonomie etc. et quelque part la fin de vie arrive au second plan". Même constat chez le fabricant Molinel qui propose depuis 2010 un service innovant de collecte et de recyclage qui débouche sur la création en fin de cycle de fibres textiles utilisées entre autres comme isolant : "Il est difficile de mobiliser et encore plus ces temps-ci. Les collectivités prennent en considération cette démarche mais cela reste à l'état embryonnaire en termes de volume", précise Benoit Dupré, responsable du département distribution de l'entreprise. Et si des territoires s'impliquent, c'est qu'il existe une circulaire ministérielle du 3 décembre 2008 qui demande aux acheteurs publics de donner l'exemple en matière de développement durable. Parmi les recommandations : la valorisation des vêtements en fin de vie et la reprise usagée par le fournisseur.

 

Reste que les acteurs et sociétés privés ont compris leur intérêt et devraient participer davantage à des opérations de recyclage. Ainsi, le Synamap, syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection, après avoir entendu l'appel de ses adhérents et des utilisateurs, réfléchit à la mise en place d'un projet de récupération des casques de chantier :"On en est qu'au début car il faut savoir que plusieurs matières se côtoient dans les casques et que cela pose des difficultés en termes de tri", précise Marjolaine Lin, responsable technique. Mais le projet est sur les rails et devrait impliquer les fabricants, distributeurs et entreprises. Pas de doute, le cap est fixé !

 

Des opérations ponctuelles et créatives
Et puis en attendant, on peut toujours souligner des initiatives plus ponctuelles comme celle de la créatrice de mode Sakina M'Sa qui travaille avec les bleus de travail pour concevoir des sacs, des manteaux, des robes et même des doudounes. La styliste, issue d'un milieu ouvrier, rend ainsi hommage à ses racines mais ce n'est pas tout puisque cette dernière joue la carte sociale en intégrant la problématique de l'insertion des populations fragiles. Une manière de donner tout son sens au développement durable.

 

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