Entre 2012 et 2014, une légère baisse des consommations est observée pour les bureaux et commerces bailleurs. L'Observatoire de l'Immobilier Durable, qui a collecté des données correspondant à plus de 15 millions de m², indique que le pilotage de ces consommations constitue le premier levier d'action. Détails.
"La mise en œuvre du Grenelle est en marche", annonce Loïs Moulas, le président de l'Observatoire de l'Immobilier Durable (OID), en préambule du rapport sur les indicateurs statistiques de la performance énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires en France. Car, depuis trois ans, la consommation énergétique est en baisse dans ce type d'édifices de bureaux et de commerce. Pour l'édition 2014, les équipes de l'OID ont collecté des données de 5.000 bâtiments représentant une surface de plus de 15 millions de m², et ont constaté une diminution de la demande en énergie primaire de l'ordre de -2 % "malgré un climat plus rigoureux".
Des progrès restent à accomplir
"Ainsi, l'indicateur de consommations énergétiques réelles des bureaux (…) s'établit pour 2014 à 441 kWhep/m²/an contre 470 kWhep/m²/an en 2012", annonce le baromètre. Une tendance qui doit cependant être mise en perspective avec l'évolution de l'échantillon depuis 2012. L'OID remarque également que, malgré cette tendance vertueuse, "58 % des immeubles de bureaux se situent toujours en classe 'E', 'F' ou 'G' sur l'échelle du Diagnostic de la Performance Energétique". Pour la famille de bâtiments dédiés au commerce, cette consommation énergétique réelle s'établit à 204 kWhep/m²/an (-2,2 %), tandis que pour les grandes surfaces alimentaires, elle atteint les 1.070 kWhep/m²/an (-1,2 %). Dans cette dernière catégorie particulière, 68 % des bâtiments étudiés sont classés "G" et seulement 1 % en classe "A" ou "B". Des progrès restent donc à accomplir. L'OID note qu'un nombre croissant de bâtiments du panel ont fait l'objet d'interventions, volontaires ou réglementaires, telles que la mise en œuvre de certifications ou d'annexes environnementales.Etre acteur de la transition pour maintenir la valeur des biens
L'adoption de la loi de transition écologique, au début de 2015, impactera les immeubles tertiaires. Jean Carassus, directeur du Mastère "Immobilier, Bâtiment, Energie" à l'Ecole des Ponts ParisTech, explique : "La loi (…) est d'une ambition comparable à celle des lois Grenelle votées en 2009 et 2010. Dans le domaine de l'immobilier, cette loi est plus réaliste que les lois Grenelle, car elle respecte le cycle de vie des immeubles (rafraîchissement, amélioration, rénovation lourde), bien connu des professionnels, en leur demandant d'embarquer l'énergie lors des étapes essentielles de la vie d'un immeuble". Selon l'enseignant, "trois postures sont possibles : résister, avec un risque fort d'obsolescence des immeubles et donc de destruction de leur valeur ; suivre le marché et la réglementation a minima, avec le risque d'une obsolescence certaine (…) et d'une décote significative ; être acteur de cette transition énergétique (…) avec certes des tâtonnements et des risques d'erreurs, mais avec une probable meilleure résistance à l'obsolescence (…) et le maintien, voire la progression, de leur valeur".Contrainte, impératif et rêve...
Pour sa part, Gérard Marty, le directeur général de l'Institut de l'Epargne immobilière et foncière, soutient : "La performance énergétique se situe au carrefour de la contrainte, de l'impératif et du rêve". Il identifie la contrainte comme étant la raréfaction des ressources mondiales, et l'impératif comme étant le maintien d'une croissance économique. Le rêve, enfin, est constitué, pour lui, des progrès technologiques à venir et des nouveaux modes de communication. "La révolution (industrielle) commence à peine, on sait que la gestion des ressources énergétiques en sera un fait majeur, mais il est bien difficile encore d'en mesurer toutes les conséquences économiques et sociétales", annonce Gérard Marty qui cite le rôle de l'apparition de l'ascenseur dans le bouleversement de l'équilibre social des villes qui se pratiquait à l'intérieur des immeubles - riches en bas, pauvres en haut. Saluant le travail de l'OID, il conclut : "Les chiffres de ces premières années constatent une évolution qui, tout en allant dans le bon sens, n'est pas encore considérable : mais le bénéfice, lui, est sans prix (…) car on sait avec précision d'où l'on part, à l'aube de grandes transformations".