Destinée à faire un état des lieux de l'architecture durable, l'exposition «Habiter écologique» qui s'ouvre ce mercredi au Palais de Chaillot, à Paris, propose un voyage dans le temps et autour du monde à la découverte de plus d'une centaine de projets «verts». Visite.
Aujourd'hui, l'architecture a une ambition majeure : proposer des bâtiments toujours plus écologiques. Mais quelles typologies cela va-t-il produire ? Quelles sont les méthodes proposées et sont-elles vraiment novatrices ? C'est pour faire un tour de toutes ces questions que la Cité de l'Architecture et du patrimoine, à Paris, a mis sur pied l'exposition «Habiter écologique». Son maître mot ? L'approche dite holistique qui consiste à explorer l'architecture durable d'une manière globale, en l'élargissant cette discipline aux domaines de la sociologie et de l'économie.
Tour du monde de l'habitat écologique
L'exposition «Habiter écologique» regroupe une centaine d'exemples d'architectures réalisées ou restées à l'état de projets depuis près d'un siècle. Un tableau synoptique met en perspective des évènements, des ouvrages et des réalisations nationales et internationales illustrant les réflexions sur l'écologie. Des précurseurs Frank Lloyd Wright et Hassan Fathy à Alejandro Aravena et Werner Sobek, un vaste panorama divisé en plusieurs séquences est offert aux visiteurs. Et pour convenir à tous les publics, chaque panneau d'information offre une lecture sur plusieurs niveaux avec la biographie de l'architecte, la description du projet, la fiche technique… jusqu'aux informations détaillées sur le chantier.
A leurs côtés, des sortes de «salons» délimités par des isolants tels que le métisse conçu par Emmaüs à base de vêtements recyclés, ménagent des espaces de réflexion. Des écrans télévisés projettent des reportages de quelques minutes qui posent plusieurs interrogations autour de la «révolution verte» et font converser d'éminents scientifiques et quelques acteurs du bâtiment.
Une exposition «réconciliatrice»
Cette exposition vise, non pas à alimenter des polémiques ou à donner des réponses radicales, mais, au contraire, à réconcilier tous les partis : «Nous ne pouvons pas dire que dans vingt ans, l'habitat écologique ne pourra plus être une maison individuelle ou qu'il sera forcément concrétisé par une tour, explique la commissaire de l'exposition, Dominique Gauzin-Müller. Ces propos seraient trop généraux. La maison individuelle concerne, certes, une faible partie de la population, car seuls 20% des français habitent dans une zone rurale, mais elle n'est pas pour autant condamnée à disparaître. A l'inverse, la proposition de tours au cœur des villes n'est envisageable que pour subvenir aux besoins d'une population particulièrement dense».
Dans cette lignée, Dominique Gauzin-Müller ne souhaite pas confronter les courants du «low-tech» et du «high-tech» développés suite à la crise pétrolière des années 70 : «Le tout nature et la seule performance des dernières technologies ne suffisent pas séparément, précise-t-elle. Il faut partir des principes bioclimatiques qui ont fait naître des projets comme le village de Nandy (Seine et Marne), puis, une fois épuisés, y ajouter un zeste de technologie pour améliorer le confort et les performances énergétiques de l'habitat». Une proposition riche de sens à découvrir, parmi tant d'autres, jusqu'au 1er novembre prochain, au Palais Chaillot.
La Paillote
Pierre Lajus a choisi un toit en fibres végétales pour abriter sa propre case, dans l'esprit rural des Landes.
La Paillote :
Lacanau (France)
1979
Architecte : Pierre Lajus
Teglvaerkshavnen
Les unités d'habitation, sur pilotis, reposant sur une solide dalle de béton, sont reliées les unes aux autres par une longue galerie rouge qui confère au lieu une véritable unité. Du fait de leurs larges baies et de leur orientation est-ouest, les appartements, en duplex, jouissent de la lumière naturelle comme d'une vue imprenable sur la baie et les espaces verts internes.
Teglvaerkshavnen :
Danemark
2008
Architecte : Tegnestuen Vandkusten
Maison en terre
Littéralement sorti de terre - le matériau qui compose le bâtiment fut extrait sur place -, la maison en pente de Martin Rauch, réalisée avec l'architecte Roger Boltshauser, est un manifeste contemporain de l'architecture de terre à la fois techniquement rigoureuse et esthétiquement simple.
Maison en terre :
Autriche
2008
Roger Boltshauser
Maison R128
Cette «maison intelligente» scelle l'alliance de la domotique et de l'éco-construction. La domotique des années 1980 n'avait pas convaincu les habitants, rebutés par sa complexité d'emploi. La «green-tech architecture» tente aujourd'hui la réunion de hautes technologies tout aussi intimidante : mais Werner Sobek les efface de la vue, dans une maison conçue elle-même pour disparaître.
Maison R128 :
Stuttgart (Allemagne)
2000
Architecte : Werner Sobek
Habitat Leblanc et Picaud
Pensé autour de la cuisine, cet habitat reflète en fait l'importance de cette pièce dans l'habitat. S'y concentre, une grande partie du cœur énergétique : la récupération des eaux de pluie, la ventilation, la production d'eau chaude et d'électricité (panneaux solaires) et de chaleur (poêle à bois).
Habitat Leblanc et Picaud :
Projet pour l'école spéciale d'architecture de Paris
Par François Leblanc et Fabien Picaud.
Villa en U
En continuité avec les immeubles mitoyens, cette villa est organisée en U autour d'un atrium central, planté, qui joue un rôle de régulateur en termes de ventilation et de thermique.
Villa en U :
Boulogne-Billancourt (France)
Architecte : Olavi Koponen
Lotissement vertical
L'agence Hérault & Arnod s'applique à offrir une surface de vie équivalente à celle de l'existant, en superposant les logements attenants à des territoires hors sol, comme alternative au pavillonnaire classique. Cette combinatoire s'exprime par un parallélépipède de forme cubique pour une première moitié du volume et par des terrasses et des jardins suspendus pour l'autre moitié.
Un lotissement vertical :
Architectes : Agence Hérault & Arnod
Un quartier vertical
BLP base son approche sur les valeurs d'échange et de communication à l'échelle de la communauté résidentielle du quartier. Développant un quartier vertical, il propose pour chaque habitant un espace privé, fixe mais transformable auquel s'ajoutent, en fonction des nécessités des familles, des espaces partagés et des pièces de vie aditionnables.
Un quartier vertical :
Architectes : Brochet, Lajus, Pueyo (BLP)
Modules à la carte
La base matricielle de ce projet est un module 3D, économique et performant, contribuant à l'équité sociale. Préfabriqué de dix-huit mètres carrés (procédé Immodulair), il est additionné, superposé au gré des évolutions de la famille et des besoins des occupants.
Modules à la carte pour usages pluriels et occupation libre :
Projet
Architecte : Atelier Philippe Madec
Silos habités
Afin de rentrer dans le registre réglementaire et économique, Fabienne Bulle développe un socle mutualisé surmonté de trois «silos habités» en R+4, suivant une imbrication de volumes à géométrie variable.
Silos habités :
Projet
Architecte : Fabienne Bulle
Superposition dynamique
Mario Cucinella envisage la parcelle en réalisant des strates communes sur lesquelles s'articulent des volumes de logements, déhanchés les uns par rapport aux autres et dont la silhouette rappelle l'opération de Renaudie à Ivry-sur-Seine.
Superposition dynamique d'habitations en bois enveloppé d'une enveloppe énergétique :
Projet
Architecte : Mario Cucinella
Villa Norrköping
Villa Norrköping :
Suède
1964
Architecte : Sverre Fehn
Suède
1964
Architecte : Sverre Fehn
«Habiter écologique» est complété par une exposition ludique et pédagogique intitulée «N'en jetez plus», à destination des plus jeunes. A partir de bouteilles en plastique, de cannettes ou de vieux journaux, les enfants de 8 à 12 ans pourront participer à un atelier de grande construction. Une façon de se rendre compte de l'importance du recyclage.