Tout en réitérant sa confiance dans le gouvernement pour respecter la mixité sociale, le président des Offices HLM, favorable à une politique de relocalisation des logements sociaux, s'inquiète des coupes budgétaires.

La Fédération des Offices vient de fêter son 80ème anniversaire au cours des Rencontres Nationales des 4 et 5 décembre. Ne souhaitez-vous pas profiter de cet événement pour offrir une cure de jouvence à la gestion et à la perception que l'on a des Offices HLM.

A l'occasion du 63ème Congrès de l'Union HLM, dont je suis également le vice-président, Michel Delebarre, le président, a parlé d'un " nouveau contrat pour le pays ". Cette formule est pleine de symboles et d'éclairages, que je pourrais, en partie, reprendre à mon compte. Ce qu'il y a, aujourd'hui, ce n'est pas que le logement social souffre d'obsolescence technique. La majorité des bâtiments que nous gérons sont en bonne état. Mais en revanche, ces mêmes logements souffrent d'une obsolescence sociale. Autrement dit, ils ne sont plus adaptés à la demande, alors que la demande est de plus en plus forte. Un nouveau contrat, cela signifie qu'il y a un certain nombre d'approches, comme le droit à un logement de qualité pour un loyer modéré, qui doivent être conservées. Mais un certain nombre d'autres approches doivent être revues. Je pense notamment à la relocalisation. Les HLM en France ont été construits dans une période courte, pour un grand nombre. Cela signifie que sur un même site, on trouve beaucoup de logements qui se ressemblent par leur architecture, par les matériaux utilisés, par leur mode de gestion. Ce sont ces quartiers monolithes qui doivent bouger.

Quand vous dites " bouger ", vous pensez à la destruction-reconstruction, à la décentralisation ?

Oui. Je veux dire qu'aujourd'hui il faut combiner deux programmes. A la fois des destructions, et à la fois de nouvelles constructions, en plus grand nombre, évidemment, que les destructions. Car il y a une très forte demande de logements sociaux. Pensez que si, en 2002, nous avons pu construire 17.000 logements, la baisse de la rotation a fait baisser notre offre, et qu'il nous est impossible de satisfaire à toutes les demandes. C'est là un véritable enjeu : fournir des logements manquants. La décentralisation doit jouer à plein son rôle de moteur de l'innovation. Elle doit permettre de répondre au mieux aux attentes des habitants. Elle doit être pour nous l'occasion de réfléchir sur la cohésion et sur la solidarité nationale (comme les aides aux personnes, les aides de circuit ou fiscales). La mise en œuvre de la politique du logement social ne peut se faire qu'à l'échelle des bassins d'habitations, des communautés d'agglomérations pour respecter le droit au logement et la diversité. La mise en œuvre des crédits, elle, devrait se faire au niveau des régions, dans certains cas, ou bien des agglomérations, quand elles s'en estiment capables. Mais en même temps, comme je le disais, il faut détruire et reconstruire. Et ne pas reconstruire au même endroit. Il faut relocaliser, dans le cadre de la politique de mixité sociale.

Précisément, les coups de boutoir portés contre la loi SRU, et notamment le fameux article 55, ne vous effraient-ils pas ?

Ils ne m'effraient pas, mais ils me laissent perplexe. Je sais que le gouvernement est très attaché à la notion de mixité sociale, et qu'il ne reviendra pas dessus. Il ne faut pas confondre avec les amendements, qui sont d'origine sénatoriale. Ce qui m'effraie, en revanche, c'est le manque de financement. La mixité sociale et la décentralisation sont nécessaires. Encore faut-il nous en donner les moyens. Ce que je ne veux pas, c'est que le gouvernement dise : " Le problème vient des Offices HLM et du manque de concertation avec les élus locaux et les habitants, mais le financement est là, regardez les reports de crédits ! ". C'est faux. En 2002, alors que tous les partenaires sociaux s'étaient mobilisés, que les dossiers étaient bouclés à la virgule près, des projets n'ont pu voir le jour à cause d'un manque de moyen. Ainsi, dans le Finistère, alors qu'une convention cadre avait été signée, pour un programme de plus de 700 logements, le manque de 2,6 millions d'euros en a empêché la construction de 200. En clair, le " gel républicain ", qui n'a rien de républicain, a duré trop longtemps.

Ce problème de financement ne va-t-il pas être aggravé par la réforme de la prime d'Etat du PEL, et l'évolution possible de la Caisse des Dépôts et Consignations ?

C'est un véritable problème. Je crois franchement que cette réforme risque d'être contre-productive. Elle ne va dans le bon sens par rapport à la dynamique de construction. Ce qui m'inquiète, ce sont les déclarations de Jean Arthuis, le président de la Commission des finances, car il estime qu'au delà du PEL ce sont d'autres systèmes d'épargne qui sont à remettre en cause. La véritable raison est que tout cela coûte cher au gouvernement. Mais il ne faut pas qu'un zèle économique vienne limiter les efforts entamés et nécessaires.

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