Nichée dans un îlot triangulaire, à la lisière du bois de Clamart (Hauts-de-Seine), la rue des Fougères est un véritable musée vivant de l'architecture de Jacques-Emile Lecaron. Là, sept maisons portent sa griffe, à la fois très modernes et d'un tout autre temps, et une huitième verra le jour d'ici au début de l'été. Rencontre avec un homme qui transforme les rêves des gens en réalité…

« Avant de construire ou rénover une habitation, je fais beaucoup parler les gens. De là, j'interprète leur vie, leur histoire, leur rêve… », nous raconte d'emblée Jacques-Emile Lecaron, architecte parisien né en 1939. Il construit en effet ses maisons comme il peint un portrait. A sa manière. Son objectif ? Faire que la maison qu'il bâtit soit à l'image de son ou ses propriétaires, qu'elle soit le reflet de leur histoire et de leur avenir.

 

Sa curiosité et son œil différent le conduisent sur les hauteurs de Clamart, dans une zone pavillonnaire à la limite de Meudon (92). Nous sommes alors en 1972, et le jeune architecte répond à la demande d'un ami en quête d'une maison en banlieue pour fuir le centre de la capitale. « J'ai cherché un terrain pas trop cher, en pente, près du bois - les gens détestaient la forêt à cette époque - et j'y ai construit ma première maison », se souvient l'architecte. Il la baptise « la maison d'acier » et cette tradition de nommer ses œuvres se pérennise.

 

Une interprétation de l'âme humaine
C'est le début d'une belle aventure qui se poursuit encore aujourd'hui… Quelque temps après, il repère une toute petite maison à vendre, dans la même rue des Fougères. Elle devient le chalet « Toulaho », qui sera son atelier durant plusieurs années. Puis, curieux de voir cette maison aux parois de verre, affublé d'une maisonnette en bois sur le devant, des particuliers se montrent intéressés par le travail de Jacques-Emile Lecaron et lui font une drôle de proposition : « On achète la maison d'à côté, si vous en êtes l'architecte », relate le maître d'œuvre. De là naît « l'arche de Noé », avec ses briques de verre en façade et ses coloris vifs. Ensuite, c'est l'îlot central - puisque l'on se trouve en fait dans une zone triangulaire formée par trois rues - qui devient son terrain de jeu, grâce à une famille qui a souhaité partager la parcelle issue d'un héritage pour y faire construire trois maisons. Un des héritiers désire offrir une habitation à chacune de ses deux filles, que l'architecte a nommé « le château de mes filles ». Enfin, le propriétaire de « la maison d'acier » achète, quelques années après, la maison mitoyenne de la sienne, transformée par Jacques-Emile Lecaron en « la maison derrière le miroir ». Sa caractéristique ? Une façade en miroir qui offre seulement aux passants le reflet des arbres. Le mystère reste entier…

 

Et ce n'est pas fini, puisqu'une huitième maison est en cours de construction, tout juste nichée entre « l'arche de Noé » et « la maison derrière le miroir ». Joliment nommée « la maison de la Belle au bois dormant », elle sera occupée par une famille britannique qui, elle aussi, a été séduite par les formes originales et la philosophie des créations de Lecaron. Une neuvième réalisation est déjà dans les cartons, puisqu'un couple vient de faire l'acquisition d'un terrain dans ce triangle.

 

Un hymne à la vie
« C'est une aventure absolument extraordinaire et unique au monde », souligne Jacques-Emile Lecaron. En effet, les cas d'architectes qui ont fait comme cela des maisons différentes sont assez rares. On peut citer Mallet-Stevens à Paris, Richard Neutra qui a réalisé une quinzaine de maisons dans un même quartier de Los Angeles. Et « l'artiste » ne se contente pas de l'extérieur, il s'immisce dans la décoration intérieure jusqu'au jardin.
Y a-t-il au final un « style Lecaron » ? « Il existe quelque part, dans le sens où certaines personnes reconnaissent mon travail à d'autres endroits et l'identifie de suite. Mais en même temps, toutes mes maisons sont différentes : elles correspondent aux rêves de chacun. Il n'y a pas de matériau commun, seulement quelques rappels de forme. On y trouve aussi de la couleur, de la gaité, de l'expression de la vie, de ce que les gens sont et veulent être dans la vie. C'est à cela que l'on me reconnaît », conclut l'architecte.

 

Ses autres réalisations

 

-Sous-sol de l'hôtel Ritz à Paris
-Palais des Vieilles Dames (maison de retraite)
-la ville de Vesoul
-de nombreux projets au Vietnam, là où il a créé une agence

 

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La Maison d'acier cachée dans la fôret

Lecaron
Lecaron © J-E Lecaron
Première oeuvre de l'architecte Jacques-Emile Lecaron, "la maison d'acier" date de 1972. L'acier y présent en parement et dans nombre de détail à l'extérieur et à l'intérieur.

 

"Ce serait en métal comme un navire, comme un engin spatial. Le métal serait tordu, plié, pour former un habitacle parfaitement adapté à une certaine forme de vie sur terre. On barderait l'extérieur d'un acier spécial qui peu à peu se revêtirait d'une rouille protectrice à la manière d'une gangue. Cet habitacle serait désolidarisé du sol, et la forêt à laquelle il se confronterait transparaîtrait sous lui."

Maison d'acier : un cube posé au coeur de la fôret

Lecaron
Lecaron © J-E Lecaron
La maison semble flotter au dessus des arbres de la forêt de Clamart.

Maison d'acier : une terrasse tout en couleurs

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Lecaron © J-E Lecaron
"Terrasse toute en formes colorées, rouges, oranges, jaunes, bleues ; avec une coupole dorée intérieurement formant chambre ouverte aux quatre horizons."

Maison d'acier

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Lecaron © CL-Batiactu
Un escalier en colimaçon encloisonné dans un tube d'acier rouge dessert tous les niveaux de la maison.

L'intérieur de la Maison d'acier

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Lecaron © CL-Batiactu
L'aspect cosy et chaleureux de l'intérieur, tapissé et recouvert de velours, s'oppose au froid du métal de l'extérieur.

Maison d'acier, une cuisine haute en couleur

Lecaron
Lecaron © CL-Batiactu
La couleur est présente aussi à l'intérieur.

Maison derrière le miroir, une annexe à la Maison d'acier

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Lecaron © CL-Batiactu
De l'extérieur, rien ne laisse penser que cette maison est secrètement reliée par un tunnel à la Maison d'acier, mitoyenne. En effet, il s'agit du même propriétaire, qui a voulu se créer un nid à soi, à l'abri des regards.

Maison derrière le miroir

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Lecaron © CL-Batiactu
Qui aurait pu croire qu'une piscine intérieure se niche au sous-sol de cette habitation ? La vue sur la forêt est tout simplement extraordinaire.

L'Arche de Noé

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Lecaron © CL-Batiactu
C'est certainement sa grande porte d'entrée en forme d'arche qui a donné son nom à cette maison.

L'Arche de Noé

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Lecaron © CL-Batiactu
A l'arrière de la maison, Jacques-Emile Lecaron a imaginé une ouverture en forme d'oeil, qui assure l'accès direct au bois.

L'Arche de Noé

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Lecaron © J-E Lecaron
En haut de l'Arche se trouve un lac artificiel.

Toulaho

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Lecaron © CL-Batiactu
C'est ici que l'architecte a installé son tout premier atelier, dans les années soixante-dix. Puis cette structure de verre et de bois a attiré l'oeil d'acquéreurs.

Toulaho

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Lecaron © J-E Lecaron
La transparence est ici de mise. La lumière traverse la maison du jardin jusqu'à la rue.

Toulaho

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Lecaron © J-E Lecaron

Maison de la Belle au bois dormant

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Lecaron © CL-Batiactu
Actuellement en chantier, cette maison sera livrée à l'été 2012. Baptisée maison de la Belle au bois dormant, elle sera dotée d'une immense toiture en zinc qui abritera la chambre parentale.

Maison de la Belle au bois dormant

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Lecaron © J-E Lecaron
Là encore, la patte de Lecaron : la toiture en forme de vague.

Maison de la Belle au bois dormant

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Lecaron © CL-Batiactu
En haut, la chambre parentale, qui occupe tout l'étage aujourd'hui en construction, profitera d'une vue exceptionnelle sur la forêt grâce à cette ouverture en forme de hublot.

Maison de la Belle au bois dormant

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Lecaron © CL-Batiactu
Les travaux actuels de surélévation.

Maison de la Belle au bois dormant

Lecaron
Lecaron © J-E Lecaron

Jacques-Emile Lecaron

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Lecaron © J-E Lecaron
"Je rends les choses belles", aime à dire cet architecte au style résolument atypique. Ce qu'il aime avant tout c'est répondre au désir profond des gens, à leur vie intérieure. Pour cela, il interprète la vie et les désirs des personnes qui viennent le voir et bâtit ses maisons comme il peindrait leur portrait. A sa manière...