RENOVATION. Une enfilade de miroirs créaient une atmosphère désagréable dans un salon pourtant plein de potentiel. L'architecte Guillaume Boutilliat la remplace par un meuble en bois hors du commun, assorti à d'autres rangements sur-mesure qui viennent optimiser cet appartement parisien.
Un appartement au 7ème étage d'un immeuble des années 60, avec une surface intéressante (77 m²) et une vue dégagée sur le centre de Paris... Autant dire que l'architecte Guillaume Boutilliat a eu à intervenir sur un bien ayant un très grand potentiel. "Ma cliente, amatrice de déco, a beaucoup aimé la luminosité du logement", nous explique-t-il.
En revanche, la pièce à vivre est mal aménagée, avec des rangements peu pertinents... tandis que les chambres en manquent ! De lourds travaux sont nécessaires pour plaire aux nouveaux occupants, qui souhaitent donner un caractère épuré à leur habitation.
Découvrez l'intervention de Guillaume Boutilliat sur cet appartement parisien en pages suivantes.
Trop de cloisons pour profiter de la lumière
L'un des grands défauts du bien, comme beaucoup d'appartements anciens, est son cloisonnement excessif. "Situé en étage élevé, l'appartement est orienté presque plein sud, décrit Guillaume Boutilliat. Mais la lumière des fenêtres n'atteint pas l'entrée, à cause de la cuisine cloisonnée".
Un rangement vieillot entre la cuisine et le salon
Quelques pas plus loin, voici la pièce principale. Un rangement vieillot et peu pratique est adossé à la cloison de la cuisine, et neutralise un mur entier.
Des miroirs qui étouffent la pièce à vivre
En face de ce rangement, de l'autre côté de la pièce, un autre mur est également neutralisé. L'architecte évoque "une étrange sensation de mal-être" dans ce salon pourtant lumineux. Une impression qu'il met sur le compte des miroirs qui tapissent l'un des murs jusqu'au plafond, et qui dédoublent l'image du séjour. "Les précédents occupants m'ont avoué qu'ils n'utilisaient pas cette partie de la pièce, puisqu'il était impossible d'y adosser un meuble ou de s'installer en face", se souvient-il.
Une cuisine ouverte pour une pièce à vivre reposante
L'architecte choisit donc de déposer la cloison de la cuisine, pour obtenir une pièce à vivre d'une quarantaine de mètres carrés. "J'ai travaillé cet espace pour qu'il ne reste que quelques lignes de démarcation, et que le salon soit le plus épuré possible" nous explique-t-il.
Une pièce à vivre qui associe salon, bibliothèque, cuisine et salle à manger
"Une fois la cloison abattue, l'aménagement de la pièce est venu comme une évidence". Guillaume Boutilliat imagine un espace qui réunit la famille avec, d'une part, une cuisine équipée et ouverte, face à laquelle se trouve un espace de repas avec une table et, d'autre part,...
Espace salon et bibliothèque dans la pièce à vivre
... un salon, avec un grand canapé qui fait face à une bibliothèque hors du commun, réalisée aux mesures de l'appartement.
Ancien élève de l'école Boulle, l'architecte a conçu tous les rangements du logement, et les a fait réaliser par la Menuiserie Reithmuller. En ce qui concerne la bibliothèque intégrée du salon, il s'agit d'un beau défi relevé par l'artisan : un meuble de 5 mètres de long, avec 7 panneaux en bois de frêne, matériau choisi pour s'accorder avec le parquet en chêne blanchi. "Nous avons travaillé ensemble pour imaginer le meilleur système d'ouverture", nous explique Guillaume Boutilliat.
Une bibliothèque sur-mesure pour meubler le salon
Guillaume Boutilliat trouve ici l'occasion de mettre en pratique une idée originale, à laquelle il réfléchit depuis des années : celle d'un rangement sur-mesure qui, une fois entièrement fermé, disparaît aux yeux de tous. "J'ai supprimé les poignées pour limiter au maximum les lignes qui gêneraient la vue, toujours dans l'optique d'un espace épuré et zen" nous explique-t-il.
L'architecte joue aussi sur les effets de trompe-l'oeil, puisque le panneau le plus à gauche est en réalité... une porte intérieure qui donne accès aux chambres et aux salles d'eau !
On notera les appliques Foscarini (sur le mur à gauche), choisies par l'architecte et la cliente pour leur design contemporain et géométrique, qui ne surchargent pas les murs. Le tapis, un modèle persan recyclé et teint, a été choisi pour mettre le canapé en valeur et "humaniser la pièce", précise l'architecte.
Un meuble multifonction pour un agencement optimal
Les deux portes centrales du meuble, qui s'ouvrent latéralement (voir photo), dévoilent l'équipement TV de la maison. Les fils électriques aboutissent à la pièce contiguë, un bureau, par le biais d'une ouverture dans le mur. L'objectif : "éviter l'impression d'accumulation qu'apporte la vision des câbles, et faciliter l'accès aux prises et l'aération des appareils", précise l'architecte.
Les autres portes, avec leur ouverture à la française, cachent une grande bibliothèque, et les caissons (le long du plafond) font office de rangements d'appoint.
Quand la contrainte technique devient l'occasion de créer un rangement
Côté cuisine, en revanche, un imprévu vient bouleverser les plans de l'architecte. A l'intersection de l'entrée, de la cuisine et du salon, se trouve une gaine technique, en face de l'entrée. "J'ai envisagé toutes les solutions, jusqu'à accepter que la gaine ne puisse être déplacée ; alors, la solution m'est venue très vite", se souvient Guillaume Boutilliat.
Un meuble sur-mesure pour l'entrée
Finalement, la contrainte devient une occasion en or pour l'architecte. Il décide de créer un autre meuble unique en son genre dans l'entrée.
Entre la gaine et le mur, un banc cache un tiroir de rangement pour les chaussures (ici, en bas). Au-dessus, un coffre sert à ranger les sacs. Entre les deux, à droite, un dernier placard sert de garde-manger puisqu'il communique avec la cuisine. Enfin, entre ces trois structures, le vide guide la lumière de la cuisine (ici, en face) jusqu'à la porte d'entrée !
Des rangements fixes dans toutes les pièces
"Pour moi, une chambre sans rangements intégrés est inconcevable" soutient Guillaume Boutilliat. Fort de ce constat, l'architecte conçoit un autre meuble astucieux pour desservir les deux chambres attenantes. "J'ai dépose un morceau de la cloison, pour la remplacer par un meuble double, avec d'un côté un dressing [ici, en bleu, ndlr], de l'autre un meuble évolutif qui pourra convenir à une future chambre d'enfant [en vert, ndlr]", nous explique-t-il.
Un débarras transformé en buanderie et réorienté
Enfin, pour parfaire l'optimisation du logement, Guillaume Boutilliat prend le temps de transformer un débarras, qui s'ouvre sur le salon, en buanderie, accessible par la salle de bains. "Nous avons vérifié que les pièces communiquaient, ouvert une partie du mur de la salle de bains, posé une poutre IPN et isolé", nous explique-t-il. Le petit luxe qui manquait pour compléter l'appartement !