Un rapport publié en vue du Forum mondial de l'eau, qui se tiendra du 16 au 23 mars à Kyoto, indique qu'il faudrait doubler les investissements actuels pour fournir de l'eau potable au milliard d'individus qui en sont dépourvus.

Actuellement 1,1 milliard d'individus sont sans eau potable et 2,4 sans toilettes et tout à l'égout, rappelle le document établi sous la direction de l'ancien président français du Fonds monétaire international Michel Camdessus.

Ce document constate que l'argent consacré à la construction de conduites d'eau potable et de réseaux d'assainissement dans le tiers monde "est tombé récemment à un niveau très bas".

L'aide publique au développement (APD, dons et prêts des gouvernements du Nord et des institutions multilatérales) totalise 4 à 4,5 milliards de dollars par an. Les investissements annuels des multinationales et des pays du Sud eux-mêmes atteignent 75 milliards de dollars. A ce rythme, plus de quatre milliards d'hommes n'auront pas d'eau potable et plus de six milliards seront privés d'assainissement en 2015.

Pour diminuer de moitié ces proportions en 2015, conformément aux engagements pris aux sommets du Millénaire (2000) et de Johannesburg (2002), l'APD doit être doublée immédiatement et le total des investissements porté de 80 à 180 milliards de dollars par an, indique le rapport cité par l'AFP.

Or, les multinationales et leurs banquiers reculent devant les crédits à très long terme spécifiques au secteur et dont le remboursement est incertain en raison de la mauvaise gestion des services de l'eau des pays bénéficiaires.
Découragés par la corruption qui existe, "dans le secteur de l'eau comme ailleurs" et "ne sera pas facile à éliminer, notamment dans les sociétés où elle est endémique", ces investisseurs ont été aussi échaudés par de "fortes dévaluations" (Argentine, Philippines, Brésil, Indonésie).

Le rapport formule 60 propositions à mettre en oeuvre en trois étapes, 2006, 2015 et 2025, pour aboutir à cette dernière date à "une couverture universelle" en réseaux d'eau potable et d'assainissement.

Parmi ces propositions, on note l'idée de développer les partenariats public-privés "transparents" pour financer les infrastructures ou encore la nécessité de faire payer le consommateur, le prix variant selon son pouvoir d'achat et seuls les pauvres devant bénéficier de subventions "identifiées clairement dans les comptes publics".

Ce rapport préconise également que les services de l'eau soient non seulement décentralisés mais dotés de l'autonomie financière et d'un budget pluri-annuel pour "éviter les ingérences politiques" et les coupes soudaines de crédits du pouvoir central.

www.worldwaterforum.org

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