La réputation climatique de la Lorraine ne décourage pas l'OPAC de Meurthe-et-Moselle qui va construire d'ici 2004 une centaine de logements sociaux en combinant énergies solaire, géothermique et gaz.

"La politique, c'est de l'utopie et du volontarisme", affirme Jean-Yves Le Déaut, le président de l'Office Public d'Aménagement et de Construction (OPAC) de Meurthe-et-Moselle et député socialiste, auteur d'un rapport sur les énergies renouvelables.

Fort des expériences en Allemagne, "où le climat n'est guère différent" mais où l'architecture bioclimatique connaît une meilleure fortune qu'en France, Jean-Yves Le Déaut assure que le "gisement solaire" en Lorraine n'a pas à envier vraiment l'ensoleillement du sud de la France. L'énergie solaire reçue sur une surface orientée au sud se monte à 3,2 kWh par m2 par jour en moyenne dans la région contre 4,2 kWh entre Lyon et Valence, explique-t-il.

Au printemps, un appel d'offres sera lancé auprès des entrepreneurs pour la construction de huit logements individuels, coiffés de panneaux solaires capables de produire de l'eau chaude, à Auboué (Meurthe-et-Moselle), une commune qui avait dû reloger quelque 140 familles après des affaissements miniers en 1996.

L'architecte est déjà choisi. Selon Alain Conradt, de l'Atelier d'Architecture du Parc à Nancy, l'orientation plein sud des grandes baies vitrées en verre isolant, le bardarge de bois des pavillons et les 25 m2 de capteurs solaires permettront d'économiser 35% de gaz pour le chauffage et 45% pour l'eau chaude.

Le projet a obtenu le deuxième prix d'un concours HLM-gaz naturel organisé par Gaz de France et l'Union sociale pour l'Habitat (union nationale des HLM).

Le surcoût ou "l'investissement majoré" comme préfère l'appeler l'architecte est de 15.000 euros environ par logement. "Cela sera très largement compensé par la baisse des charges sur vingt ans", affirme le président de l'OPAC qui a obtenu une aide du Conseil général de Meurthe-et-Moselle pour la première tranche de 40 logements. Quant aux futurs locataires de ces logements sociaux, ils devraient voir dès le départ leurs charges divisées par trois, assure-t-il. Un compteur à calories sera installé dans un de ces logements expérimentaux pour quantifier les apports d'énergie gratuite sur trois ans.

Une douzaine d'appartements à Longwy qui devraient également être livrés en 2004 puiseront, eux, leur source de chaleur dans d'anciennes mines noyées, utilisant ainsi la géothermie à 70 mètres de profondeur pour le chauffage et des capteurs solaires pour l'eau chaude.

Le programme expérimental comprend aussi 40 logements à Messein, 18 à Essey-les-Nancy, 28 à Dieulouard et 5 à Ville-sur-Yron, où la production d'eau chaude sera également fournie par des capteurs solaires en complément du gaz.

actionclactionfp