A Sémussac (Charente-Maritime), les logements sociaux et saisonniers se font en bois. La société Millet, fabricant de portes et fenêtres, a construit tout un lotissement labellisé BBC Effinergie de 39 logements en mettant en œuvre un système constructif d'éléments préfabriqués en usine et assemblés sur place autour d'une ossature bois. Reportage.
L'opération de logements sociaux de la communauté d'agglomération de Royan Atlantique (CARA) s'inscrit dans le cadre de son programme local de l'habitat. Il repose sur la création de 29 logements (T3 et T4) dont 20 en Prêt Locatif à Usage Social et 9 en Prêt Locatif Aidé d'Intégration, plus 10 logements saisonniers (T2) en semi-collectif, gérés par la CARA.
La petite commune de Sémussac est située en zone «tendue» et connaît un fort accroissement de sa population en raison de son activité touristique et agricole. Le lotissement est constitué d'un ensemble de petits îlots, regroupant entre 3 et 6 logements, desservis par des venelles, ceci afin de respecter l'architecture du village qui contient de nombreuses maisons traditionnelles charentaises.
L'agence d'architectes Triade a choisi de créer un îlot végétal central en plus des jardins privatifs de chacune des maisons, qui, ne disposant pas de garage, bénéficieront de grandes cabanes de jardin (afin de ranger vélos et mobilier d'extérieur). L'ensemble des constructions est réalisé sur deux niveaux, qu'il s'agisse des maisons individuelles ou des habitats semi-collectifs (sans communs, avec une distribution individuelle par coursives extérieures). Le système constructif, quant à lui, est original : « Nous avons opté pour un système de modules constructifs préfabriqués Sybois qui est mis en œuvre sur une dalle de béton qui apporte de l'inertie thermique au projet », nous raconte Brice Kohler, l'architecte. Ce choix a été dicté par la volonté d'offrir un bon confort d'été. « Nous avons utilisé au maximum le bois. Les murs sont étanches à l'air mais perspirants, c'est-à-dire que l'humidité migre vers l'extérieur. Il n'y a pas de pare-vapeur mais un freine-vapeur, concept validé par le CSTB ».
Des maisons éco-responsables
Les modules des murs en bois sont préfabriqués en usine et recouverts d'un bardage en épicéa à clins horizontaux peints en gris. Les menuiseries sont en PVC blanc, pour des raisons de coût pour ces habitats à vocation sociale, tandis que des panneaux de bois lisses peints en couleurs vives (vert, jaune, bleu) égayent les façades sud des maisons. Les cabanons enrichissent encore la palette avec leur rouge vif. La couverture des maisons est réalisée en tuiles de terre cuite sur une charpente bois installée en une seule opération. « La construction doit être mise hors d'air et hors d'eau le plus rapidement possible », précise l'architecte. D'où une rapidité dans la construction et l'assemblage qui permet de monter trois maisons par semaine.
Lire la suite de l'article en page 2.
Budget serré
« Les limites du système sont finalement les dimensions des préfabriqués au gabarit route (13 x 3,5 m) », indique Christian Girard, le directeur de Sybois. Le système intègre en effet tous les composants d'un mur classique, pré-assemblés en usine : structure, étanchéité, fenêtre et parements intérieurs ou extérieurs. L'isolation est obtenue par de la ouate de cellulose injectée dans le module à structure bois, entre deux lames, dont une en fibre de bois. Des lames d'air (dont l'extérieure ventilée) complètent le dispositif. « Les panneaux sont réalisés sans colle, la ouate de cellulose ne contient pas de sels de bore, la fibre de bois est humidifiée puis pressée, également sans ajout de colle. Tout a été fait pour que ces logis soient le plus écologiques possibles », poursuit le responsable Sybois.
Il en résulte des habitats sains, facile à chauffer grâce à des poêles à granulés de bois (maisons individuelles) ou une pompe à chaleur (logements collectifs), qui bénéficient de combles ventilées permettant de diminuer le volume à chauffer. Le budget chauffage est d'ailleurs peu élevé avec 28 €/mois par logement, ce qui permet aux populations modestes qui y seront logées de conserver leur pouvoir d'achat : 60 % des entrants bénéficient de moins de 60 % des plafonds définis par l'office HLM.
Découvrez le projet en images dans les pages suivantes.
Plan masse
Les 39 logements sont répartis par groupes de 3 à 6 maisons et deux ensembles semi-collectifs pour les T2 des travailleurs saisonniers dans les secteurs touristique et agricole.
Voiries
L'ensemble du lotissement est distribué par des venelles piétonnes qui rappelent les ruelles d'un village traditionnel. Au centre se situe un parking commun et un espace vert.
Système constructif
La structure des panneaux de bois préfabriqués (145 mm) en usine par Sybois. Ils assurent l'ensemble des fonctions : structure, isolation, intégration des menuiseries. Il repose sur l'utilisation de résineux, de fibre de bois (22 mm) et de ouate de cellulose.
Mise en place
Le montage des maisons s'effectue par grutage après transport routier des éléments préfabriqués en usine. L'opération est rapide : trois maisons sont assemblées chaque semaine sur des fondations en béton. Ces dernières, préférées à la solution du plancher bois sur vide sanitaire, permettent d'apporter une certaine inertie thermique aux bâtiments.
Toiture
La toiture est également mise en place par grutage, en une seule opération. Ceci afin de mettre rapidement hors d'eau et hors d'air la structure assemblée. La couverture sera réalisée ensuite en tuiles de terre cuite.
Semi-collectif
Les logements semi-collectifs pour les saisonniers sont rassemblés dans deux constructions R+1 où les distributions sont assurées par des balcons, également en bois. Les appartements sont des deux pièces de 42 m², chauffés collectivement par une pompe à chaleur installée sous les escaliers extérieurs.
Maisons individuelles
Les maisons individuelles miotyennes sont également limitées à un étage. Elles sont réparties petits îlots. Les appartements comptent 3 ou 4 pièces (respectivement 75 et 93 m²). Toutes les maisons sont orientées sud-est afin de tirer profit de l'ensoleillement.
Façades
Les logements sont recouverts de bardages en épicéa à clins horizontaux gris. Les menuiseries sont en PVC blanc. Entre elles, des panneaux de bois lisse peints de couleurs variées (vert, bleu et jaune orangé) égayent les façades.
Maître d'ouvrage : SA Atlantic Aménagement (Mieux se loger, HLM des Deux-Sèvres et de la région, HLM de Poitiers) ;
Maître d'œuvre : Triade SA d'Architecture et bureau d'études ACE ;
Entreprises : Millet bâtiment (mandataire), Clazay Construction (gros œuvre), Clochard Dolor (peinture, revêtement de sol), Haye-Jarriau (plomberie, électricité), Technisol (sols et murs) ;
Budget : 4,23 M€ dont 385.000 € de subventions, 225.000 € de la région, 232.000 du département, 100.000 € de l'Etat, 78.000 € du 1 % logement ;
Répartition : 3,05 M€ (bâtiment TCE), 509.000 € (VRD+branchements), 407.000 € (honoraires+divers), 265.000 € (terrain+notaire) ;
Programme : 39 logements (10x T2, 27x T3, 2x T4) ;
Surface totale : 2.627 m² SHON ;
Calendrier : mars 2012-janvier 2013 ;
Coût : 1.160 €/m² (m²/SHON), 1.357 €/m² (+VRD).