Avec la montée en charge des travaux à partir de 2017, le projet d'infrastructures du Grand Paris constituera d'ici à 2030 un vivier d'emplois incontestable pour l'Ile-de-France. Quelles sont les opportunités pour les TP ? Quels sont les profils et les métiers recherchés ?
Fin des enquêtes publiques, début des travaux de génie civil sur la ligne 15 sud depuis septembre dernier, accélération du futur métro automatique du Grand Paris Express, nombreux appel à projets pour mettre en place des solutions innovantes autour des chantiers… Les chantiers du Grand Paris montent en puissance et sont incontestablement pourvoyeurs d'emplois dans le secteur du BTP à Paris.
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Pour réaliser ce projet d'infrastructures hors-normes, de 200 km de nouvelles lignes de métro en rocade autour de Paris, avec 68 nouvelles gares, prévu à l'horizon 2030, le besoin de main d'œuvre sera conséquent dans les prochaines années.
Des milliers d'emplois non délocalisables
D'après les dernières estimations de la Société du Grand Paris (SGP), l'agrandissement du réseau de métro francilien (GPE) devrait créer 15 à 20.000 emplois non délocalisables par an, dont 10.000 dans les travaux publics. Des chiffres identiques à ceux avancés par Pôle emploi, qui estime que les chantiers publics emploieront en 2018 environ 72.000 personnes, soit 18.500 de plus qu'en 2013.
Pourtant si plus de neuf entreprises sur dix déclarent connaître le Grand Paris, seulement 25 % d'entre elles y voient une opportunité d'accroissement de leur activité, signale une enquête réalisée en novembre 2016 par la Chambre de Commerce de Paris Ile-de-France et des fédérations professionnelles, en partenariat avec le Medef Ile-de-France et la CGPME Ile-de-France.
D'après la même étude, sur les 4.500 entreprises interrogées, entre le 5 et le 26 septembre 2016, il en ressort qu'une entreprise de construction sur cinq prévoit d'embaucher, d'abord dans le domaine du développement durable (pour 36 % des entreprises sondées), puis dans les technologies de l'information et de la communication (29 %), majoritairement niveau CAP et Bac professionnel.
Le diplôme n'est pris en compte que par 11 % des entreprises
Les savoirs-faire techniques représentent (27 %) des compétences recherchées ainsi que la sécurité - prévention (26 %). Et 80 % des qualifications recherchées sont de niveau CAP et Bac Professionnel. "Pour intégrer ces compétences, les entreprises prévoient majoritairement le recrutement externe (56 %, avec une nette préférence aux candidats expérimentés), la formation de leurs salariés (47 %) et les contrats d'apprentissage (34 %)", souligne la CCI de Paris. A noter que le diplôme n'est pris en compte que par 11 % des entreprises.
Autre point à retenir : les priorités des dirigeants de ce secteur concernent les formations obligatoires (habilitations, sécurité), le mode projet au service de la coordination entre les différents métiers sur le chantier, l'encadrement de chantiers et enfin l'accès à la qualification RGE (Reconnu Garant de l'Environnement).
"C'est une opportunité et un levier pour développer la formation par l'apprentissage, a commenté Etienne Guyot, directeur général de la CCI Paris Ile-de-France et ex président de la SGP.
Attirer les jeunes
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En termes de qualifications, les difficultés des entreprises du BTP à trouver les compétences recherchées notamment sur les métiers techniques (chauffagistes, soudeurs, etc.) sont confirmées par les derniers travaux menés par l'Observatoire des Formations, de l'Emploi et des Métiers (OFEM) de la CCI Paris Ile-de-France et le CREDOC.
Concernant le mode de formation initiale, deux entreprises du secteur de la construction sur trois privilégient l'apprentissage contre la moitié des entreprises pour l'ensemble des secteurs d'activité, poursuit cette enquête.
Enfin, "les professionnels attendent du Grand Paris qu'il contribue à rendre la filière BTP plus attractive pour les jeunes", observe Etienne Guyot. Les perspectives de carrière existent, la diversité des métiers est large et l'utilité sociale de ces travaux techniques de construction est tangible.
L'apprentissage, un obstacle ?
Pour les contrats d'apprentissage d'une durée légale de un à trois ans, le manque de clarté des TPE-PME sur leur carnet de commandes est un obstacle. "En donnant de la visibilité aux PME sur les investissements, les chantiers et les calendriers, on crée une spirale vertueuse pour tous les secteurs transports, logements, smart city", conclut Etienne Guyot.
En revanche, "les maîtres d'ouvrage publics du Grand Paris doivent participer à cet effort collectif en reconnaissant l'apprentissage comme réponse aux clauses d'insertion sociale figurant dans les marchés publics", s'accorde à dire la Fédération Française du Bâtiment (FFB) Grand Paris.
"Un important vivier d'emplois qui va dynamiser l'économie régionale", Jean-François Carenco
De son côté, la préfecture d'Ile-de-France, se félicite de ce futur gisement d'emplois en Ile-de-France. "Le Grand Paris Express, ce sont des moyens de transport qui vont permettre de raccourcir les distances et de gagner du temps, mais c'est aussi un important vivier d'emplois qui va dynamiser l'économie régionale", précisait Jean-François Carenco, préfet de la région d'Île-de-France, au cours d'une conférence de presse en novembre dernier.
Favoriser l'intégration des personnes éloignées de l'emploi
Enfin, la dernière convention de partenariat signée le 23 novembre 2016 par la Société du Grand Paris (SGP), la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) et la Fédération Régionale des Travaux Publics d'Ile-de-France (FRTP IDF) visant à promouvoir les bonnes pratiques sur les chantiers du Grand Paris Express, confirme également les objectifs en matière d'emplois. Une clause d'insertion sociale de 5% du volume d'heures du chantier sera donc imposée pour favoriser l'intégration des personnes éloignées de l'emploi sur les chantiers. Les signataires devront aussi collaborer aux projets collectifs innovants pour faire de la construction du Grand Paris Express un projet innovant.
Enfin, dernier sujet et non des moindres : le travail détaché. "Les entreprises de TP devront tout mettre en oeuvre pour favoriser l'emploi local et lutter contre le travail illégal et la concurrence déloyale", concluent les trois acteurs du BTP.
Quels sont les 23 métiers porteurs dans le cadre du Grand Paris ?
A ce jour, les fiches métier, au nombre de 23, ont été rédigées par Constructys Ile-de-France, en lien avec la FRTP IDF, la Fédération IDF Haute Normandie Centre des SCOP BTP, et Pôle Emploi, et validées par des représentants des entreprises intervenant sur les spécialités et les métiers visés, nous explique ce mardi 20 décembre la FRTP Ile-de-France.
Leur objectif est de faciliter les échanges entre les entreprises, les centres de formation et l'OPCA Constructys sur la mise en place de parcours de formation pour les salariés ou les futurs collaborateurs. "Ces fiches métier peuvent aussi être une base de travail pour le recrutement de futurs collaborateurs", nous signale-t-on.
Découvrez la liste des 23 métiers
Production :
Canalisateur
Chef d'équipe canalisateur,
Constructeur d'ouvrage d'art béton armé,
Chef d'équipe TP génie civil,
Constructeur de routes,
Chef d'équipe routes
Chef d'équipe VRD
Constructeur VRD
Conducteur d'engins :
Conducteur de pelle
Conducteur de chargeuse
Conducteur de tractopelle
Mécanicien d'engins
Constructeur d'ouvrage d'art métallique
Mineur-boiseur
Poseur de voies ferrées
Chef d'équipe voies ferrées
Soudeur travaux souterrains
Opérateur de centrale à béton
Opérateur de centrale enrobés
Géomètre topographe
Encadrement :
Chef de chantier
Conducteur de travaux
Ingénieur TP
Vers une Académie de la Formation pour mettre en valeur les métiers du Grand Paris Express
Le dernier partenariat entériné le 23 novembre 2016 entre la Société du Grand Paris (SGP), la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) et la Fédération Régionale des Travaux Publics d'Ile-de-France (FRTP IDF) fixe les objectifs de la création de l'Académie du Grand Paris. Sa vocation ? "Former aux métiers des Travaux Publics, partager les savoir-faire et initier aux nouvelles technologies de la construction", nous explique-t-on à la FNTP.