DÉCRYPTAGE. Dans un contexte où les éditeurs de logiciels Bim se disputent les faveurs des acteurs du Bâtiment, la question de l'interopérabilité est plus que jamais d'actualité. Comment échanger des données et des informations entre différents métiers et ce dans la durée et en toute sécurité ? Plusieurs éditeurs de logiciels ont évoqué le sujet à l'occasion du Rex Bim Tour à Lyon organisé par le Cinov.
La maquette numérique, c'est différentes solutions, différents formats de fichiers… Comment faire le bon choix ? Les entreprises du secteur de la construction sont tiraillées par ces questions, laissant entrevoir en filigrane la problématique de l'interopérabilité*. Derrière ce terme, se cachent de nombreuses interrogations autour de l'échange des données et des informations. "Le Bim amène à faire collaborer des acteurs différents mais aussi des services différents autour de la maquette", lance Maxime Sagnier, Bim Manager chez IM-PACT, spécialiste de la modélisation Bim, lors du Rex Bim Tour organisé par le Cinov, à Lyon au mois de mai dernier.
Difficile encore pour l'ensemble des parties prenantes du Bâtiment de s'approprier les outils informatiques de ce nouveau procédé. Interconnecter des tableaux Excel, c'est faire du Bim pour certains tandis que d'autres sont déjà passés à des modèles 2D, voire 3D. "Structurer, échanger et digitaliser", voici les trois verbes définissant le Bim pour Emmanuel Di Giacomo, responsable Europe Développement des écosystèmes Bim chez Autodesk. Mais actuellement, il existe un grand nombre de formats, solutions, possibilités, et il est compliqué de les faire dialoguer : "C'est un peu la jungle", note l'expert. "Il faut avant tout comprendre le besoin", ajoute Marc de Fleury, directeur commercial chez Trimble.
Programme de coopération et formations
Afin d'universaliser ce nouveau langage numérique, l'open Bim, programme de coopération universel reposant sur des standards et des processus de travail ouverts, et le format IFC ont su se frayer un chemin. En ligne de mire : la transmission des données entre les logiciels de CAO et les logiciels d'ingénierie. Building Smart International, et sa branche française Mediaconstruct travaillent sur un guide pratique pour savoir comment échanger d'un logiciel à l'autre. "Il faut trouver des solutions d'importation", souligne le directeur commercial chez Trimble. Et Guillaume Vray, directeur France de Chez Allplan de renchérir : "On travaille encore en silo dans les entreprises. Il faut casser ces habitudes afin d'être dans une logique de pérennisation de la donnée". Au cœur de cette transformation, la formation demeure une clé du succès. Que cela soit la formation initiale ou continue, elle se doit d'être adaptée : "Les formations outils/logiciels doivent être complétées par des formations de processus (…) Ils nous arrivent de proposer des formations à la carte pour un projet", indique Guillaume Vray. Enfin, tous s'accordent à dire que la formation sur un logiciel ne remplacera jamais la formation métier.
La maquette numérique se généralise, et est utilisée pour les projets neufs, notamment pour des programmes de bureaux, équipements publics et de logements collectifs. Si pour l'instant, la France ne l'a pas imposée via une loi, les maîtres d'ouvrage et leurs clients ont compris les avantages financiers et constructifs (performances et qualité) du procédé. De même, à l'international, de nombreux pays ont adopté le Bim et nul doute que l'interopérabilité devrait rapidement trouver une issue pour fluidifier les échanges de données sur un projet national, mais aussi international.
* Capacité à faire communiquer plusieurs systèmes, appareils ou éléments informatiques.