Le site du camp de la mort Auschwitz-Birkenau, en Pologne, cherche d'urgence des financements internationaux pour subsister et préserver le plus grand cimetière de la Shoah, menacé d'un lent effondrement.
Construits par les prisonniers eux-mêmes en 1940, dans un terrain très humide, le site tout entier et notamment les baraquements rudimentaires de Birkenau souffrent des mouvements saisonniers de sol et des infiltrations d'eau qui abîment les murs et les fondements. Pour lancer des travaux et assurer dans les années à venir l'entretien du site où sont morts environ 1,1 million de personnes, le directeur du musée, Piotr Cywinski, propose de créer un fonds international.
120 millions d'euros nécessaires
Depuis toujours, la quasi-totalité du budget du site repose sur les subventions du gouvernement polonais et les entrées, alors que 5% sont apportés par la Fondation américaine Ronald Lauder et l'Allemagne, dans le cadre de différents projets ponctuels. Mais pour permettre au site d'arriver à un mécanisme d'autofinancement, il faudrait récolter pas moins de 120 millions d'euros précise Piotr Cywinski.
«Pour préserver un baraquement, il faut dépenser jusqu'à 4 millions de zlotys (880.000 euros)», précise le chef du département de la conservation, Rafal Pioro. Or, sur les 191 hectares qu'occupe le camp, «on compte 155 bâtiments visitables et plus de 300 ruines. Il y a aussi des voies d'accès, des poteaux et des barbelés, des miradors, toute l'infrastructure, ainsi que des milliers d'objets et de documents à préserver», rappelle-t-il. En outre, les baraquements étant extrêmement fragiles, «il faut avoir terminé les travaux de conservation sur tous ces bâtiments d'ici 10 à 12 ans», estime Piotr Cywinski.
«L'objectif principal est de préserver la substance authentique et non pas de la reconstruire, pour ne pas modifier la perception de ce lieu», insiste le directeur du musée. Mais, ajoute-t-il, «la grande question qui se pose aujourd'hui est : veut-on bien sauvegarder cet endroit?»