Dernier portrait de notre série d'architectes nommés au Prix de l'architecture durable 2008, découvrez Elemental Team. Cette agence chilienne dirigée par Alejandro Aravena imagine des modèles d'habitats sociaux contemporains fondés sur l'optimisation des moyens, tout en plaçant les futurs habitants au cur du processus créatif.
Papier, ciseaux, colle, crayons de couleurs... Quand les habitants de la ville d'Iquique ont vu arriver les équipes d'Alejandro Aravena, on imagine leur étonnement. Et encore plus lorsqu'il leur a été signifié qu'ils auraient à réfléchir à leur future habitation ! Eux, une population pauvre d'un bidonville au cur du désert chilien, invités à réaliser des petites maquettes de papier, réagir aux propositions qui leur sont faites... Mais revenons au début de l'histoire pour comprendre cette démarche d'Elemental Team...
«Hacer mas con lo mismo» : «Faire plus avec la même chose»
Elemental est un «Do Tank» (un groupe où l'on agit, par opposition à un «think tank», où l'on réfléchit), affilié à l'Université de Santiago, dont le but est la conception et la mise en uvre de projets urbains d'intérêt social. Pour ces architectes, trois principes guident leur démarche : «penser et construire de meilleurs quartiers est indispensable si l'on veut que le développement casse le cercle vicieux de l'inégalité» ; «pour que l'habitat soit facteur de progrès, les projets doivent être menés sous les mêmes conditions politiques et de marché que les autres" - le fameux «hacer mas con lo mismo» : faire plus avec les mêmes moyens ; et, enfin, «faire de ces logements un progrès social et non une simple 'dépense' de plus et améliorer ainsi la qualité de vie dans les villes chiliennes.» Le but est ainsi défini : «hacer de la ciudad une fuente de equidad», c'est-à-dire «faire de la ville une source d'équité.» En d'autres termes, utiliser la ville comme une source de richesses pour ce pays en voie de développement.
C'est dans ce cadre que se posera la question de la durabilité de leur architecture. Pour Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture, «Alejandro Aravena interprète l'impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvellement urbain rapide.» Et de citer l'architecte chilien «si l'architecture du logement ne peut plus se contenter d'être une commande sociale et doit devenir durable, c'est par sa propre reversabilité, sa capacité de revenir à un état minimum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire.»
«Le concept de construction ouverte»
Revenons à Irique, une ville située dans la région désertique du Quinta Moroy, un exemple très emblématique de leur travail. Le problème posé par le Gouvernement à l'équipe d'Alejandro Aravena était le suivant : comment reloger 93 familles pauvres, dans les mêmes 5.000 m2 qu'elles occupaient jusqu'alors illégalement depuis 30 ans dans le centre-ville ? Le tout avec une subvention publique pour s'élevant en tout et pour tout à 7.500 dollars par famille devant couvrir ainsi la terre, les infrastructures et les bâtiments ? «En l'état actuel de l'industrie de la construction et du prix du foncier au Chili, cette somme représente seulement 30m2 de construction», explique Elemental.
L'équipe menée par ce jeune architecte de 35 ans, relève le défi. Pour le résoudre, l'équation sera fondée sur leur leitmotiv «hacer mas con lo mismo. » Quant aux futurs habitants, à eux de résoudre une partie du problème. La question qui leur sera posée : à quoi seraient-ils prêts à renoncer dans le bâti, des choses qu'ils pourraient faire par eux-mêmes par la suite ? Et tout cela sera à l'origine d'une sorte de Lego géant dans lequel chaque famille imaginera sa maison et son extension.
L'optimisation constructive
Car c'est là la force de l'équipe d'Elemental : optimiser le bâti et les coûts sans que la qualité du logement proposé s'en ressente, au contraire ! Les habitations prendront ici la forme de L en béton, accolés les uns aux autres. Murs, sols, toits... Tout ce qui est indispensable est réalisé, reste ensuite à l'habitant de créer sa maison telle qu'il la veut en faisant les finitions, sachant qu'il lui est offert également une possibilité d'extension dans le vide du L à mesure que ses ressources le lui permettent. Aujourd'hui, tous les habitants ont comblé les vides.
A l'inauguration de Lo Espero, un autre projet d'Elemental, la présidente du Chili Michelle Bachelet a déclaré «j'aurai voulu remettre les clés de ces logements finis, avec leur couche de peinture sur les murs, mais j'avais tort : les familles m'ont expliqué que la peinture pouvait être faite par elles-mêmes. Tout est question de priorité.» Ainsi, à la différence des autres logements sociaux par exemple, les familles peuvent installer un lit deux places et une salle de bains convenable.
Un processus créatif renouvelé à chaque fois par l'équipe d'Elemental, qui ne s'arrête pas là : modèles de logements parasismiques, bâtiments publics... «A la lumière de l'expérience, Elemental veut contribuer, avec une ingénierie et une architecture d'avant-garde, à élever le niveau de vie au Chili, en utilisant la ville comme une ressource illimitée pour construire l'égalité.»
Découvrez les projets de l'architecte, en cliquant ici
«Hacer mas con lo mismo» : «Faire plus avec la même chose»
Elemental est un «Do Tank» (un groupe où l'on agit, par opposition à un «think tank», où l'on réfléchit), affilié à l'Université de Santiago, dont le but est la conception et la mise en uvre de projets urbains d'intérêt social. Pour ces architectes, trois principes guident leur démarche : «penser et construire de meilleurs quartiers est indispensable si l'on veut que le développement casse le cercle vicieux de l'inégalité» ; «pour que l'habitat soit facteur de progrès, les projets doivent être menés sous les mêmes conditions politiques et de marché que les autres" - le fameux «hacer mas con lo mismo» : faire plus avec les mêmes moyens ; et, enfin, «faire de ces logements un progrès social et non une simple 'dépense' de plus et améliorer ainsi la qualité de vie dans les villes chiliennes.» Le but est ainsi défini : «hacer de la ciudad une fuente de equidad», c'est-à-dire «faire de la ville une source d'équité.» En d'autres termes, utiliser la ville comme une source de richesses pour ce pays en voie de développement.
C'est dans ce cadre que se posera la question de la durabilité de leur architecture. Pour Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture, «Alejandro Aravena interprète l'impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvellement urbain rapide.» Et de citer l'architecte chilien «si l'architecture du logement ne peut plus se contenter d'être une commande sociale et doit devenir durable, c'est par sa propre reversabilité, sa capacité de revenir à un état minimum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire.»
«Le concept de construction ouverte»
Revenons à Irique, une ville située dans la région désertique du Quinta Moroy, un exemple très emblématique de leur travail. Le problème posé par le Gouvernement à l'équipe d'Alejandro Aravena était le suivant : comment reloger 93 familles pauvres, dans les mêmes 5.000 m2 qu'elles occupaient jusqu'alors illégalement depuis 30 ans dans le centre-ville ? Le tout avec une subvention publique pour s'élevant en tout et pour tout à 7.500 dollars par famille devant couvrir ainsi la terre, les infrastructures et les bâtiments ? «En l'état actuel de l'industrie de la construction et du prix du foncier au Chili, cette somme représente seulement 30m2 de construction», explique Elemental.
L'équipe menée par ce jeune architecte de 35 ans, relève le défi. Pour le résoudre, l'équation sera fondée sur leur leitmotiv «hacer mas con lo mismo. » Quant aux futurs habitants, à eux de résoudre une partie du problème. La question qui leur sera posée : à quoi seraient-ils prêts à renoncer dans le bâti, des choses qu'ils pourraient faire par eux-mêmes par la suite ? Et tout cela sera à l'origine d'une sorte de Lego géant dans lequel chaque famille imaginera sa maison et son extension.
L'optimisation constructive
Car c'est là la force de l'équipe d'Elemental : optimiser le bâti et les coûts sans que la qualité du logement proposé s'en ressente, au contraire ! Les habitations prendront ici la forme de L en béton, accolés les uns aux autres. Murs, sols, toits... Tout ce qui est indispensable est réalisé, reste ensuite à l'habitant de créer sa maison telle qu'il la veut en faisant les finitions, sachant qu'il lui est offert également une possibilité d'extension dans le vide du L à mesure que ses ressources le lui permettent. Aujourd'hui, tous les habitants ont comblé les vides.
A l'inauguration de Lo Espero, un autre projet d'Elemental, la présidente du Chili Michelle Bachelet a déclaré «j'aurai voulu remettre les clés de ces logements finis, avec leur couche de peinture sur les murs, mais j'avais tort : les familles m'ont expliqué que la peinture pouvait être faite par elles-mêmes. Tout est question de priorité.» Ainsi, à la différence des autres logements sociaux par exemple, les familles peuvent installer un lit deux places et une salle de bains convenable.
Un processus créatif renouvelé à chaque fois par l'équipe d'Elemental, qui ne s'arrête pas là : modèles de logements parasismiques, bâtiments publics... «A la lumière de l'expérience, Elemental veut contribuer, avec une ingénierie et une architecture d'avant-garde, à élever le niveau de vie au Chili, en utilisant la ville comme une ressource illimitée pour construire l'égalité.»
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