L'ambition de Paris de construire 40.000 logements sociaux entre 2008 et 2014 a commencé sur un bon rythme, avec plus de 6.000 unités financées chaque année. Mais selon un rapport du Comité de vigilance, certaines circonstances vont mettre un frein à cette dynamique, et l'objectif serait difficilement réalisable.
Si Paris a tenu ses engagements en matière de logements sociaux depuis deux ans, l'objectif fixé pour 2014 pourrait, en revanche, ne pas être atteint. Le Comité de vigilance voulu par le maire Bertrand Delanoë vient de remettre son rapport, qui estime notamment qu'atteindre les 20% de logements sociaux à l'horizon 2014 sera difficile à atteindre.
Le comité de vigilance a été voulu en 2008 par Bertrand Delanoë afin de vérifier que les engagements pris pendant sa campagne électorale en matière de logement et de solidarité seraient tenus. Le maire de la capitale avait fait le pari de financer, d'ici à la fin de son deuxième mandat en 2014, quelque 40.000 logements sociaux (soit environ 6.660 par an), afin d'atteindre les 20% de logements sociaux que demande la loi SRU.
Présidé par Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, le comité compte cinq personnalités indépendantes. Il rapporte que 6.126 logements sociaux ont été financés en 2009, et 6.063 l'année précédente. Il reste donc un peu plus de 27.800 logements à financer.
Varier les moyens de construire du logement social
Selon Patrick Doutreligne, le rythme des deux premières années est bon, mais pourrait ne pas perdurer. «Dans un contexte de tassement, voire de réduction du volume des interventions de la ville de Paris et du département en faveur du logement locatif social, le niveau [des logements sociaux] financé aura beaucoup de difficultés pour se placer sur un rythme annuel moyen de 6.750 unités entre 2010 et 2013», affirme le comité, qui formule des inquiétudes à plusieurs niveaux. Premièrement, la contrainte des prix qui «continuent d'augmenter à Paris». Les cinq experts évoquent ensuite la baisse de 12% des autorisations de programmes depuis 2009, et craint enfin que la ville de Paris ne soit pas en mesure de compenser les baisses de subventions de l'Etat. Après avoir formulé ce constat, le comité de vigilance conseille à la ville «d'utiliser tous les outils à sa disposition : la préemption, l'expropriation, l'achat de gré à gré ainsi que les perspectives sur les immeubles de grande hauteur».