La City, le quartier des affaires de Londres, est en pleine transformation architecturale: un an après le 11 septembre, grandes entreprises et promoteurs immobiliers construisent d'audacieux gratte-ciel qui seront parmi les plus élevés d'Europe.

"Rien que pour la City, cinq bâtiments de près de 200 mètres de haut devraient voir le jour au cours des cinq prochaines années. Au total, à Londres, il y a au moins 20 projets de gratte-ciel à l'étude", souligne Peter Wynne Rees, architecte en chef de la Corporation of London, l'autorité municipale qui administre la City.

La City, principal centre financier et boursier européen où affluent chaque jours plus 300.000 personnes, n'a pas été atteint par le syndrome du 11 septembre.

"Certaines personnes se demandent pourquoi on donne notre accord pour la construction de gratte-ciel après les événements (du 11 septembre). Mais elles oublient que ces bâtiments ne sont pas comparables en taille et en capacité avec les tours-jumelles du World Trade Center (WTC)", explique M. Rees.

Selon lui, aucun des bâtiments en cours de construction ou à l'étude n'atteindra la taille du WTC (417 mètres de haut) et n'accueillera plus de 5.000 personnes, soit dix fois moins que les tours-jumelles de New-York.

A Londres, cet élan architectural est symbolisé par le nouveau siège britannique du groupe de réassurance Swiss Re.
Déjà surnommé le "cornichon érotique" pour sa forme oblongue et arrondie, ce gratte-ciel de 180 mètres de haut et 40 étages devrait être terminé fin 2003.

"A aucun moment, le projet n'a été remis en cause par les attentats du 11 septembre. Les plans avaient été dessinés avant ces événements. Il n'y avait pas lieu d'améliorer les procédures d'évacuation d'urgence", confirme-t-on auprès du groupe de réassurance Swiss Re.

Une analyse partagée par Peter Wynne Rees: "les exigences en matière de sécurité sont beaucoup plus strictes à Londres qu'aux Etats-Unis. Dans les bâtiments construits en Angleterre, il faut que les services de secours aient des accès spéciaux".

"Vous ne verriez pas, comme c'était le cas dans le WTC, des pompiers qui montent dans les cages d'escaliers empruntées par les occupants des immeubles", souligne M. Rees.

"Nous n'avons pas eu à prendre des mesures plus strictes après le 11 septembre car, depuis les années 60, elles sont parmi les plus exigeantes au monde", ajoute-t-il.

Mais le gratte-ciel de Swiss Re, dessiné par le cabinet britannique Foster and Partners, devrait être rapidement dépassé par d'autres bâtiments plus grands.

D'ici 2006, le Londres des affaires aura pris de l'altitude avec la Minerva Tower (217 m), la Heron Tower (183 m); sans oublier le très controversé projet de Renzo Piano, qui a dessiné une aiguille qui culminera à ... 300 mètres.

Le promoteur immobilier britannique Minerva, qui attend de la Corporation of London son permis de construire, n'a pas ajourné son projet malgré les attentats du 11 septembre et la découverte en décembre dernier dans un camp d'entraînement d'al Qaïda en Afghanistan d'un projet d'attentat à la bombe contre la capitale britannique.

"Il y a à Londres une demande de la part des grands groupes financiers pour ce genre de bâtiments pour abriter leurs quartiers généraux. S'il n'y avait pas de demande, nous aurions annulé ce projet d'un coût global de 300 millions de livres (470 M euros)", avance Anthony Painter, porte-parole de Minerva.
"Ce dont il faut se souvenir à propos du 11 septembre, c'est que les terroristes visaient en s'attaquant au World Trade Center, un symbole du pouvoir économique et politique", conclut-il.


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