A l'occasion des 10 ans de Batiactu, nous avons souhaité donné la parole aux acteurs et actrices de la construction qui ont contribué à l'histoire du secteur durant une décennie. Aujourd'hui, Louise Cox, présidente de l'Union internationale des architectes, nous livre ses impressions.

Batiactu : Quel est votre regard sur la décennie écoulée ?
Louise Cox :
Ceux que l'on surnomme les «Starchitectes» ont dominé les médias. Leurs bâtiments ont été élaborés grâce aux logiciels d'aide au design et à la documentation afin de réaliser des formes complexes. Toutefois, le problème avec ces architectes utilisant ces formes, c'est qu'ils ont oublié le contexte dans lequel s'inscrit leur construction et à la place d'améliorer la ville, ils ont plutôt créé une rupture.

 

Batiactu : Quel est l'événement le plus marquant ?
L.C :
Les effets du changement climatique ont changé la façon dont les architectes travaillent. Ils se montrent dorénavant plus responsables envers leur client mais aussi auprès des communes dans lesquelles ils implantent leur projet.

 

Batiactu : L'innovation la plus révolutionnaire ?
L. C. :
L'information sur les systèmes de gestion des bâtiments (BIM), soit une manière complète de coordonner les projets sur ordinateur que ce soit au niveau architectural, dessins d'ingénierie, quantités de matériel pour les projets et détails du programme. Ces documents peuvent ensuite être utilisés par les entrepreneurs pour éviter les erreurs et pallier le manque de coordination. Au final, cela améliore l'étape de documentation et permet de construire plus rapidement, en anticipant les phases de fabrication en usine au fur et à mesure que le projet sort de terre.

 

Batiactu : Le projet phare ?
L. C. :
L'opéra de Sydney, symbole de la ville inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007, 23 ans après la compétition organisée par l'UIA en 1954. C'est un beau symbole de l'architecture du 20ème siècle. Jørn Utzon, l'architecte danois, a offert à Sydney le plus beau cadeau pour son port. Cette structure vogue de la fin du promontoire situé à l'est de la passerelle centrale au quartier d'affaires, et de l'autre côté, à l'ouest, la vue sur le pont de Sydney s'élevant.

 

Batiactu : Votre rêve le plus fou ?
L. C. :
Mon rêve serait que les architectes fassent l'inventaire du passé et en tirent les leçons afin de comprendre comment on vivait auparavant. Depuis l'arrivée de la climatisation, nous avons oublié comment refroidir et chauffer les bâtiments naturellement. Nous pouvons adopter ces anciens procédés et les réinterpréter pour les bâtiments actuels. Tous les architectes ont besoin de se rappeler que leurs bâtiments font partie d'un contexte et que leur projet n'est qu'un simple bâtiment. Leurs constructions doivent apporter du confort et améliorer le cadre de vie pour apporter de la joie aux personnes qui les regardent, qui les habitent, qui les utilisent, sans oublier les espaces de vie extérieur. Le futur a besoin de projets holistiques *.

 

* architecture globale prenant en compte l'ensemble des paramètres (esthétique, énergie…).

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