Concepteur du stade de France, travaillant actuellement sur ceux de Marseille, Valenciennes et du Havre, le cabinet d'architecture SCAU connaît les problématiques de conception de ces arènes sportives. Interview avec l'un des associés de l'agence, Luc Delamain.
Batiactu : Comment expliquez-vous l'intérêt de SCAU pour les stades ?
Luc Delamain : Nous avons réalisé le Stade de France : un vrai challenge pour nous en 1993. C'était le grand concours du moment : nous avons investi toute notre énergie et toutes nos compétences dans cette aventure au cours de laquelle nous avons visité des stades en Europe et travaillé autour des problématiques d'une coupe du monde de football. Au final, cette expérience sur laquelle nous nous sommes appuyées pour penser et remodeler d'autres projets a été fondatrice. Elle nous a permis de nous poser des questions en interne, de nous remettre en cause. Une démarche qui nous sert encore aujourd'hui lors de brainstorming avec les villes et les clubs.
Luc Delamain : Nous avons réalisé le Stade de France : un vrai challenge pour nous en 1993. C'était le grand concours du moment : nous avons investi toute notre énergie et toutes nos compétences dans cette aventure au cours de laquelle nous avons visité des stades en Europe et travaillé autour des problématiques d'une coupe du monde de football. Au final, cette expérience sur laquelle nous nous sommes appuyées pour penser et remodeler d'autres projets a été fondatrice. Elle nous a permis de nous poser des questions en interne, de nous remettre en cause. Une démarche qui nous sert encore aujourd'hui lors de brainstorming avec les villes et les clubs.
Batiactu : Construire un stade représente aujourd'hui un véritable enjeu pour les villes, notamment en termes d'urbanisme. Peut-on différencier les infrastructures se situant en centre ville et celles se trouvant en entrée de ville ?
L.D : Les projets que nous faisons actuellement pour le Havre et Valenciennes prennent place en face du stade existant. Dans ces métropoles, le club est plus fort que tout, il a une vraie empreinte sur le territoire. On peut alors parler d'enracinement, un peu comme pour un lieu de culte. Situé en centre-ville, le stade présente l'avantage de l'accessibilité en transports, en vélo ou même à pied. De leur côté, les structures qui se trouvent en entrée de ville, ont le défi de créer un autre lieu. Mais dans tous les cas, les stades doivent montrer leur polyvalence : ce nouvel endroit doit être rentabilisé, notamment par de nouvelles activités ou de nouveaux services.
Batiactu : Vous parlez de polyvalence, concrètement qu'est ce que cela signifie ?
L.D : La polyvalence prend en compte la notion économique. Il faut réfléchir au rapport entre l'intérieur et l'extérieur, ce qui se passe dans le stade et autour du stade. Les stades peuvent par exemple proposer des services, des espaces de réception. Aux environs, on peut réaliser des équipements destinés à faire vivre le quartier comme des hôtels, des commerces, des bureaux.
Batiactu : Vous avez imaginé un projet de stade à Casablanca avec des oasis, pourrait-on voir la même chose en France ?
L.D : A Casablanca, on voulait offrir des espaces où famille et amis puissent se détendre, consommer et passer un bon moment. Cette idée est un peu similaire dans notre projet du Havre, avec la création d'un seul niveau, où les gens profiteront des commerces, des services et se retrouveront tous ensemble. Un espace où les supporters se regroupent, se fédérèrent, discutent après un match : ici, la structure impose, en quelque sorte, des règles de vie.
Batiactu : Toutefois, cette polyvalence n'est-elle pas antinomique avec un sport aussi populaire que le football ? N'est-ce-pas un frein à l'appropriation du site ?
L.D : Tout dépend de la notoriété du club. C'est même fondamental ! Ainsi, selon les cas, on peut voir des nouvelles histoires se créer ou bien, si la notoriété du club est forte, on peut continuer sur une même histoire dans un autre lieu. Par exemple, au Havre, nous voulons une identité forte, presque aussi forte que le club. Ici, le stade, c'est un lieu, une architecture, un monument dans la ville, un repère. Il y a dans tout cela des notions de quartiers, d'arène… avec l'idée de se retrouver.
Batiactu : Le développement durable est aussi un enjeu inévitable, quel est sa place dans un projet de stade ?
L. D : Aujourd'hui, il faut essayer d'être à la fois le plus efficace et le plus économe. L'on privilégie, ainsi, des matériaux légers et des énergies propres, sans oublier de tenir compte des logiques de quartier liées à l'urbanisme. Quand le stade se trouve dans la ville, il faut également trouver une coexistence supportable entre la clameur et la vie des habitants, notamment en réduisant les bruits lors de spectacles. Les toitures, par exemple, sont une solution pour diminuer les nuisances sonores.
Batiactu : A quoi, enfin, ressemblerait le stade de vos rêves ?
L.D : Ce serait un endroit où il y aurait de la ferveur et du «bon vivre» ensemble mais, surtout, un espace où se retrouveraient des valeurs et des règles en adéquation avec le lieu. Et pourquoi pas le situer au Brésil, le futur pays organisateur de la prochaine coupe du monde de football en 2014 ?
Découvrez les projets de stades de l'agence SCAU, en cliquant sur suivant
A noter que l'agence travaille actuellement sur la rénovation et l'agrandissement du stade vélodrome de Marseille, pour en savoir plus, cliquez ici
Equipe de SCAU
Les architectes associés de l'agence SCAU : Maxime Barbier, Bernard Cabannes, Luc Delamain, François Gillard, Michel Macary, Aymeric Zublena.
Stade de France - Paris
L'agence SCAU a réalisé le stade de France, qui a abrité les plus grands matchs de la coupe du monde 1998.
Grand Stade - Le Havre
Stade de 25.000 places
Maître d'ouvrage : Communauté de l'agglomération Havraise
Coût : 80 millions d'euros HT
Maître d'ouvrage : Communauté de l'agglomération Havraise
Coût : 80 millions d'euros HT
Grand Stade - Le Havre
Grand Stade - Le Havre
Stade de Nungesser - Valenciennes
Stade de 25.000 places
Maître d'ouvrage : Valenciennes Métropole
Coût : 46 millions d'euros
Maître d'ouvrage : Valenciennes Métropole
Coût : 46 millions d'euros
Stade de Nungesser - Valenciennes
Stade de Nungesser - Valenciennes
Grand stade de Casablanca - Maroc
Stade de 80.000 places
Maître d'ouvrage : Royaume du Maroc, ministère de l'Équipement et des Transports
Maître d'ouvrage : Royaume du Maroc, ministère de l'Équipement et des Transports
Les architectes Maxime Barbier, Bernard Cabannes, Luc Delamain, François Gillard, nouveaux associés de SCAU (Société de Conception d'Architecture et d'Urbanisme) aux côtés des fondateurs Aymeric Zublena et Michel Macary forment aujourd'hui SCAU. Cette alliance, fondée sur la diversité, a pour objectif de créer une dynamique. SCAU vise à «se redéfinir et de se régénérer sans cesse». Parmi leurs dernières réalisations, on peut citer le Lycée Kyoto à Poitiers, la tour de bureaux, Zénith Building de Bruxelles ou encore la Halle polyvalente de Troyes.